Game of Thrones s’est achevé avec la saison 8, alors que les fans souhaitaient que la série dure quelques saisons de plus. Pourquoi les créateurs du show, David Benioff et D.B. Weiss, ont-ils décidé de conclure la série apparemment plus tôt que prévu ? Game of Thrones est devenue la plus grande série télévisée au monde au cours des années 2010, si bien que la huitième saison avait rendez-vous avec l’Histoire, pour un pari osé, risqué, réussit à bien des égards, pourtant hâtivement achevé. Retour sur une série hors-norme qui a pris fin trop tôt.
La décision de mettre fin à Game of Thrones était osée et risquée. David Benioff et D.B Weiss avaient pris une avance considérable sur A Song of Ice and Fire, la série de romans de George R.R Martin, qui est encore inachevée à ce jour. Le Trône de Fer a marqué l’histoire à bien des égards, mais sa fin reste à ce jour, l’une des plus controversées de l’histoire de la télévision. Un constat qui parle de lui-même.
L’un des points communs que l’on retrouve du côté critique des deux dernières saisons, est la narration précipitée. Certains éléments importants de l’histoire qui prenaient plusieurs saisons à se mettre en place au début de la série, se clôturaient en un épisode ou deux à compté de la saison 7. Une erreur importante pour une série qui puisait dans son intrigue complexe la clé de son succès.
Forcément, de grands débats ont eu lieu à l’échelle mondiale sur les raisons qui ont conduit les deux showrunners à précipiter la fin de la série, pourtant si fructueuse. Si ces derniers ont toujours affirmé que le nombre de saisons initialement prévu était de 7, que la saison 8 est à mettre sur le compte de la ration supplémentaire, d’autres avancent de la lassitude alors que ces derniers étaient, à l’époque, attachés à une trilogie de films Star Wars, annulée depuis. Dans un livre spécialisé sur la série Game Of Thrones, David Benioff et D.B Weiss ont clarifié un peu plus leur décision de mettre un terme à la série en deux saisons de treize épisodes :
Nous ne voulions pas devenir un show qui reste au-delà de son succès critique. Une partie de ce que nous aimons dans ces livres et dans le spectacle, c’est ce sentiment d’élan et de progression vers quelque chose. Si nous essayions d’en faire un spectacle sur dix saisons, nous étranglerions la poule aux œufs d’or. Nous voulions nous arrêter lorsque les gens qui travaillaient dessus et le regardaient auraient souhaité que nous continuions un peu plus longtemps. Il y a le vieil adage qui dit « Toujours les laisser en vouloir plus », mais aussi quand vous ne voulez plus être là — c’est là que tout s’écroule.
Si une partie du discours force la compréhension, d’aucuns ont facilement interprété une lassitude évidente de la part des créateurs de la série qui ont consacré près de dix ans de leur vie au projet. De plus, il devenait difficile pour les scénaristes de faire durer Game Of Thrones sur une ou deux saisons supplémentaires alors que les dragons de Daenerys avaient atteint l’âge adulte étant ainsi à l’apogée de leur puissance destructrice. De plus, l’armée de marcheurs blancs était également arrivée à maturité dotée également d’un dragon, leur marche sur Westeros au sud du mur était inévitablement sans détour de deux saisons. Ces deux facteurs rendaient certaines conclusions forcément précipitées au détriment d’intrigues profondes et d’intérêt supérieur. On note finalement que le secret de Jon Snow n’aura pas eu l’impact attendu, que les situations de Varys et Tyrion ont été bâclées et que la destinée da la fratrie Lannister n’a pas connu la fin qu’on aurait souhaité voir être approfondie.
La chute du Roi de la Nuit est peut-être la plus bâclée de la fin de cette huitième saison, laissant ainsi Game Of Thrones dans la liste des séries qui terminent de manière indigne. Pourtant, si HBO espère exploiter le filon d’or qu’est l’univers de George RR Martin avant Game Of Thrones, les marcheurs blancs, leurs magies, pouvoirs et mystères doivent demeurer secret afin de conserver un intérêt croissant aux prochaines séries spin-offs qui pourraient s’intéresser aux premiers hommes, à la création du mur par Bran le Bâtisseur et forcément, à l’engouement que suscite encore « la longue nuit ».
Même si HBO et George Martin étaient convaincus que la série devait et pouvait s’étaler sur quelques saisons supplémentaires, David Benioff et D.B Weiss étaient persuadés qu’il était temps de mettre fin au projet. Dans le livre, les showrunners citent Breaking Bad comme exemple de série à fort succès qui a su s’arrêter à temps. Ils concluent avec ceci :
Quand nous leur avons donné la version finale, cela a aidé à convaincre qu’il était temps d’arrêter la série. Ils ont pu voir pourquoi le fait de prendre ce projet et de l’étendre à dix autres épisodes ruinerait tout cela et ferait en sorte que quelque chose qui est idéalement puissant et touchant se sente prolongé.
