C’est l’apanage de notre société d’aujourd’hui. Par l’avènement des réseaux sociaux, de la toute puissance des influenceurs et des plate-formes de partage de contenus en ligne, certains films, séries et phénomènes vidéo-ludiques deviennent des mirages et des événements anecdotiques. Ils finissent par centraliser toute l’attention au sein du débat public avec parfois des dérives et des passions contre-nature voire totalement ahurissantes de bêtises. La passion pour un film ou une série a toujours existé dans le monde de la pop-culture. Tout fan à ses productions de prédilection, ses attaches avec des univers bien particulier. Mais certains projets prennent une proportion virale rapidement exacerbée.
C’est probablement le phénomène La Casa de Papel qui a lancé tout cela. Même si ces passions diverses existaient depuis un moment, la série Espagnole a lancé un gigantesque buzz sur les réseaux sociaux. Les fans se sont immédiatement pris d’affection pour cette série de braquage, un Escape Game thématisé a même vu le jour à la Monnaie de Paris… Les différents acteurs de la série sont tous devenus bankables dans le monde de la production audiovisuelle et l’histoire a même connu une adaptation Coréenne. On ne compte même plus les différents goodies et les mouvements de foule chantonnant la chanson Italienne « Bella Ciao » que même Gims et Vitaa sont aller utiliser vulgairement pour surfer sur la vague du buzz.
On a entendu parler de la Casa de Papel partout, voire même à outrance, ce qui a donné envie à Netflix de tirer sur la corde en proposant trois saisons supplémentaires au show, alors que la saison 2 se suffisait clairement à elle-même. Les suites de la Casa De Papel sont rapidement tombées dans un presque anonymat aux côtés de la galerie de productions présentes sur Netflix, compte tenu du succès critique mitigé des dernières saisons. Mais un autre phénomène est venu relancer ces buzz complètement infondés et disproportionnés : Squid Game.
Ce jeu mortuaire de 451 Coréens s’adonnant à des jeux d’enfants où ils peuvent y laisser leur vie pour plusieurs millions d’euros a passionné les foules pour des raisons que nous cherchons encore. Pire que de reprendre des clichés déjà vus et revus dans bon nombre de productions (en plus de se croire intelligent avec un message basique de lutte des classes), Squid Game a déclenché un énorme problème. Face à l’hyper-accessibilité des jeunes pour les réseaux sociaux, le contenu à facilement été visionné par des enfants sans aucun recul de ces situations pour finir dans les cours d’écoles.
Plutôt que d’occulter cet état de fait et tenter de ne pas lui donner de la visibilité, la télévision Française s’en est donné à coeur joie pour exposer la violence de Squid Game sur grand écran sur des émissions familiales regroupant des humoristes (nous tairons son nom mais elle se trouve sur la première chaîne nationale). YouTube a aussi repris en masse le concept, qui s’est décliné en jeux mobiles, en goodies et autres supercheries. Facebook et TikTok sont aussi gangrenés par Squid Game, même un an et demi après la sortie. Netflix, quant à lui, n’en a strictement rien à faire de l’éducation à l’image et des problématiques qui en sont liées en proposant sur TikTok un trailer faisant passer la série… Pour une colonie de vacances.
Summum de l’exagération, un pop-up store éphémère a pu ouvrir à Paris peu de temps après le buzz de la série. Plusieurs personnes en sont venus jusqu’aux mains pour entrer rapidement dans le magasin. Ces phénomènes de mode, nouveaux depuis la puissance émergente des réseaux, est en train de pourrir la pop-culture d’aujourd’hui, en s’arrogant tous les regards au profit de séries et films qui sont qualitativement meilleures.
Dernier en date, l’incompréhensible engouement pour le jeu vidéo Poppy Playtime. Un jeu vidéo d’horreur où il faut déambuler dans une usine de jouets désaffectée avant d’être poursuivi par un monstre bleu à la façon du Slenderman au début des années 2010. Se cantonnant au début dans le monde du streaming vidéo-ludique, le jeu vidéo a atterri en plein sur les réseaux sociaux. Non content de s’arrêter là, MOB Games a participé au développement de goodies à destination des enfants avec des peluches du monstre Huggy Woogy. Aux Etats-Unis, la police a averti plusieurs familles de ce personnage néfaste, qui aurait traumatisé plusieurs enfants et poussé certains à tenter de se suicider.
En France, ces peluches sont aussi de plus en plus invasives et beaucoup de marchés en vendent. Il convient d’agir face à la dangerosité de ces épiphénomènes transitoires qui ne méritent pas forcément que l’on s’y attarde.
