Venom était attendu comme l’événement cinématographique de cet automne 2018. Personnage apprécié des aficionados de Marvel, ce némésis de l’homme-araignée sortait d’une présence furtive assez peu mémorable dans « Spider-Man 3 » de Sam Raimi (2007) et a enfin pu bénéficier de son aventure solo onze ans plus tard. Toutefois, malgré des premiers trailers assez encourageants, le film a ensuite pris une direction assez pessimiste. Repassé sur la table pour être remonté sans ses scènes d’hémoglobine propres au personnage et à son univers pour un passage R-Rated –> PG13 (interdit aux -13 ans non-accompagnés), le long-métrage n’était même pas encore sorti qu’il a fait hurler de rage les fans. Mais ce n’est pas tout, en pleine promotion du long-métrage, Tom Hardy a dézingué le film, clamant haut et fort que ses scènes préférées (40 minutes du film) avaient été coupées au montage. Enfin, les premiers retours assassins comparent « Venom » aux illustres Catwoman (2004) et F4ntastiques (2015) qui avaient été eux aussi de bons gros navets. Rien ne pouvait ainsi augurer d’obtenir un bon film.
On tient à vous rassurer, Venom n’est pas un navet… mais il reste très mauvais.
Le choix d’offrir des aventures solos au némésis du tisseur était louable tant Venom reste le méchant le plus intéressant de l’univers (avec Mystério) mais il est ici traité n’importe comment. Et c’est déjà le premier point négatif de ce « Venom ». La personnalité du symbiote ne correspond absolument pas à ce qu’il est censé être si on se tient aux comics. Il est ici le partenaire d’un Tom Hardy en roue libre pour former un duo loufoque qui transforme le film en buddy movie complètement décérébré, à l’opposé de ce qui nous était vendu dans les trailers. Si pendant de trop rares instants, on croit à la folie carnassière de ce symbiote, en deux claquements de doigts il passe du statut d’antagoniste horrifique à celui de héros parce que… parce que scénario ? (Nous ne voulons pas vous spoiler de quelle manière cette transformation psychologique brutale se passe, mais il était important pour nous d’en parler). Comme nos peurs l’envisageaient, Venom est hyper édulcoré. Plus aucune violence, tout se passe en hors champ, où toute action carnassière n’est qu’exploité verbalement. « Venom » a donc bel et bien été, tout comme « Suicide Squad » le résultat d’une politique très commerciale, celle d’étouffer l’authenticité d’un univers et de son personnage central pour toucher le plus de spectateurs possible. Et ça, c’est décevant.
Le reste du film joue sur les frasques d’un Tom Hardy en constant surjeu ou de scènes tout bonnement inutiles (la scène du restaurant, qui n’est juste là que pour offrir un instant de comédie hyper dispensable). Sur une toile de fond narrative déjà vu, revue et rerevue, le film se noie dans son histoire et ses personnages pathétiques, et n’arrive pas à nous tirer la moindre attention. La fixation du passif d’Eddie Brock est beaucoup trop longue, sa relation avec le symbiote beaucoup trop courte (cela en devient du coup assez incohérent) et le final complètement loupé. Pas de doutes permis, il y a un très gros problème de montage dans ce film mais aussi de scénario.
Au niveau de la réalisation, c’est aussi grandement décevant. le film joue beaucoup avec une centralisation de chacun des plans sur un élément de décor ou un personnage, floutant tout l’arrière-plan sur de nombreuses scènes. Soit il s’agit d’un problème lié à l’exploitation 3D du film ou alors du film lui-même. Les séquences d’actions sont aussi très brouillonnes et assez illisibles (SURTOUT l’affrontement final où on ne distingue absolument pas ce qui se passe).
Pour revenir sur quelques détails sur le scénario, le film passe par des ficelles beaucoup trop grandes pour que ce soit plausible. Pour parvenir à dynamiser la narration vers un carcan « Nouveau méchant -> détruire monde -> combat final », le film use de stratagèmes complètement tirés par les cheveux (nous vous laissons découvrir cela en salles).
Ainsi, le potentiel était immense pour une aventure en solo du symbiote cannibale. L’univers et le personnage étaient alléchants, mais le film de Ruben Fleischer est une coquille vide dommageable qui nous fait regretter le Venom de Sam Raimi. Passant complètement à côté de son sujet, il n’y a que trop peu de choses à sauver. En dehors des pitreries parfois drôles de Tom Hardy, la scène post-générique et le visuel global de la créature, nous ne voyons pas forcément ce qui est judicieux à garder dans ce film… Nous vous encourageons toutefois à le voir pour vous faire votre propre avis sur la question, car il reste un divertissement à la limite de l’acceptable, mais est très mauvais dans tout ce qu’il essaie d’entreprendre dans le genre super-héroïque. Il est effectivement à placardiser, pour nous, aux côtés de ses homologues félins et fantastiques. Nous espérons toutefois une version director’s cut à sa sortie en DVD qui pourrait éventuellement rehausser notre appréciation.