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Civil War : Surcôté ?

Civil War © A24
Civil War © A24

Alex Garland est considéré comme le créateur d’un chef-d’œuvre cinématographique avec son premier film, Ex Machina. Ce bijou de science-fiction, alliant un scénario dense et intelligent, propose une réflexion profonde sur l’être humain et l’intelligence artificielle, et utilise habilement des références comme Jackson Pollock pour renforcer un discours théologique sur la quasi-déification de l’IA. Ex Machina est souvent cité parmi les films préférés des amateurs du genre.

Cependant, Garland a dérouté certains spectateurs avec son film suivant, Annihilation, qui, malgré ses décors impressionnants, a été perçu comme long, douloureux, cliché, et paresseux dans son exécution. En conséquence, son œuvre suivante, Men, et ses thèmes horrifiques n’ont pas suscité l’intérêt général, apparaissant trop contemplatifs à l’image de certains travaux de David Robert Mitchell (en moins bien), et manquant de la force verbale de son premier film.

Le film Civil War était vu par certains comme une occasion de redressement pour Garland, mais le résultat s’est avéré mitigé. Bien que le film présente de nombreux points forts, il laisse un sentiment d’insatisfaction. Garland démontre une maîtrise impressionnante du son, transformant l’arme à feu, symbole de révolution aux États-Unis, en un monstre générateur de sursauts. Néanmoins, à part une scène finale brutale, le film écarte largement les armes à feu au profit d’une exploration de la cruauté humaine.

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Ce road-trip, qui s’apparente à une galerie des horreurs, aurait bénéficié d’une contextualisation politique plus approfondie. Garland reste dans un schéma simpliste opposant les rebelles aux méchants gouvernementaux sans nuance. Les rencontres avec divers personnages qui embrassent la violence dans ce chaos quasi-anarchique apportent quelques surprises. La scène avec Jesse Plemons, la meilleure du film, illustre de manière frappante une représentation possible de la guerre civile dans les années à venir dans un pays divisé. Une nation où la violence débridée n’est que le fruit de ses citoyens en manque de repères. Le milicien ne sait plus différencier, dans un flegme glacial, qui est Américain ou qui « ne l’est pas« .

La gestion de l’image, avec son choix de couper l’intrigue par des photos, est critiquable et rompt avec l’action, laissant perplexe quant à la pertinence de cette décision artistique. Le développement des personnages est également lacunaire, le scénario ne leur conférant pas la consistance nécessaire. Le final, même si vite expédié au moyen d’un long dialogue de résolution à mi-chemin de l’intrigue (et en hors-champ) était globalement efficace et aurait eu mérite à gagner en chaos. Civil War fut peut-être un peu limité par son modeste budget (50 millions de dollars).

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En dépit de ces défauts, Civil War demeure un thriller captivant sur un futur plausible des États-Unis, suffisamment intrigant mais peut-être trop ambitieux dans les attentes qu’il suscite. Garland, reconnu pour son talent de scénariste, semble ici manquer d’impact dramatique, bien que le mixage sonore soit particulièrement efficace, maintenant le spectateur en haleine. Malheureusement, l’ensemble manque parfois d’iconicité et de répliques marquantes qui caractérisaient son premier succès. On perçoit la violence, les cerveaux complètement lavés et lobotomisés par l’idée du « tout est permis » mais on saisit mal l’environnement dans lequel tout ce beau monde évolue. Un bon divertissement réflexif en somme, mais assez décevant sur sa totalité.

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