Dans cette fable spatiale au pitch intéressant, le talentueux Morten Tyldum (Imitation Game) nous livre un space-opera esthétiquement très classe, mais au scénario calamiteux. Alignant poncif sur poncif et tentant de présenter au spectateur une storyline vide et parfois absconse, le long-métrage se perd dans un micmac indigeste de faits absolument quelconques, pour une tension narrative qui disparaît au fur et à mesure des minutes.
Passengers avait tout de la bonne surprise initiale. Possédant deux acteurs les plus bancables de l’Hollywood actuel et un pitch initial assez savoureux, le résultat final en est tout autre. Morten Tyldum arrive cependant à nous proposer un côté graphique assez digeste et convaincant. Les décors de l’Avalon sont superbes et permettent de proposer une atmosphère cohérente face à l’aventure de nos protagonistes. À la fois idyllique et oppressant, ce vaisseau de vacances est globalement réussi. Même chose pour le côté « castes » des voyageurs de l’Avalon. Ils remplissent tous une fonction précise qu’il pourraient apporter dans leur nouvelle colonie, toutefois, ce côté intéressant du scénario est balayé par le centrisme de l’écriture de John Spaihts (Prometheus ; Doctor Strange) sur des détails qui n’ont aucun intérêt.
Spaihts prend en effet Passengers sous une tout autre dimension d’étude, et c’est là le problème du film. Si, comme nous l’avons souligné, le passé des personnages et cette théorie des castes précises des personnages avaient pu dynamiser l’histoire, on se concentre sur l’aspect « romance » de Jim et Aurora et surtout leur simple vie dans l’espace. Grosso modo, plutôt qu’un film avec une densité d’écriture profonde, on se retrouve devant une retranscription d’un Secret Story spatial, les dialogues avec le barman symbolisant le confessionnal. La tentative de soubresaut scénaristique avec l’arrivée de Lawrence Fishburne est à saluer, permettant au film de réorganiser ses enjeux et de repartir au galop, mais à vingt minutes de la fin, c’est déjà trop tard… Malgré tout, certaines zones cachées de la bande-annonce permet de complexifier le personnage de Jim Preston (pas de spoilers, soyez tranquille).
Là encore, tandis que le scénario aurait pu trouver plus ingénieux afin de démystifier le réveil imprévu de nos protagonistes, le film désamorce toutes les théories possibles dès les premières secondes de visionnage, annonçant littéralement un rythme poussif puisque le mystère est, semble-t-il, résolu. Ainsi, creux, vide et sans surprises, Passengers sombre dans une spirale poussive de clichés et d’une romance incohérente, saupoudré d’irrégularités de rythme qui désintègrent toute once de créativité et de nouveauté.
Mais les carences du film permettent d’être épongées à moitié grâce à l’interprétation des deux acteurs principaux. Chris Pratt se détache enfin de l’allure farcesque de ses rôles de looser comique des Gardiens de la Galaxie ou des Sept Mercenaires, proposant un rôle plus dramatique et plus riche. Jennifer Lawrence fait le travail, mais en fait légèrement trop lors de ses excès de sentiment (pleurs, peur…).
Mais nous poussons un coup de gueule face à ce Passengers. Encore une fois, plutôt que de nous proposer un mariage parfait entre une esthétique lisse et propre et un pitch d’écriture intéressant, le film se complait dans un grand spectacle absurde et une romance qui sonne creux, parce que ce n’était pas ce que l’on était venu chercher à la base.