Il aurait dû sortir dix ans en arrière. Après le très sympa premier opus en 2019, Shazam : La colère des Dieux est arrivé ce 29 Mars dans les salles de cinéma en tant que l’un des derniers vestige du Snyderverse qui devrait disparaître de nos écrans dans pas si longtemps. C’est en tout cas dans cette optique que James Gunn a souhaité conclure le marasme de DC Comics dans un polyptyque final avant de se tourner vers d’autres aventures, histoires et personnages. Et pour le coup il y a quelque chose qui saute aux yeux avec ce Shazam : S’il aurait dû sortir bien plus tôt, son histoire résonne comme absurde et inintéressante, la faute à une montée crescendo vers un nouvel objectif instauré par Black Adam que nous ne verrons jamais (nous y reviendrons au moment d’aborder les scènes post-générique).
Shazam 2 vit aussi une pure déroute au box-office avec seulement 123 millions de dollars de recettes mondiales à l’heure actuelle. Une gigantesque saignée que la Warner tente d’amoindrir avec la sortie quasi immédiate du film en streaming, ce qui sonne comme étant du jamais vu dans l’histoire des films de super-héros.
Shazam 2 n’est pas excessivement mauvais. Bien sûr, c’est un Blockbuster décérébré rempli de facilités et de constructions narratives qui ne sont pas réellement poussées, mais le résultat final en est plutôt divertissant. Ni pire ni meilleur que d’autres productions DC du même acabit, ce Shazam 2 sonne plutôt comme étant les derniers rejetons de l’univers Snyder que Gunn et Safran ont décidé de violemment sacrifier sur l’autel de l’oubli, vraisemblablement préoccupés par l’avenir de la firme post-Aquaman 2.
Tout ce que construit ou essaie de construire le long-métrage de David F. Sandberg n’est que galéjades, pirouettes comiques ou ficelles scénaristiques déjà vues cent fois dans le monde des super-héros. Jamais le long-métrage ne parvient à proposer quelque chose digne d’intérêt sur la longueur vu que tout est littéralement sacrifié. Le caméo de Wonder Woman sonne comme un Deus Ex Machina poussif seulement destiné à ce que l’on fasse probablement notre deuil de l’incarnation de Gal Gadot en héroïne Amazone. Les scènes post-générique se connectent à la trame écrite qu’a tenté d’impulser Black Adam, mais l’univers nouvellement annulé vient réduire à néant toutes ces perspectives.
Le film aurait même pu tenter l’audacieux pari de tuer son héros mais on sent trop l’absence concrète de perspectives à lui donner au-delà de ce Shazam 2. Résultat, le happy ending apparaît presque malvenu. Le film devient presque un requiem du personnage tant on a l’impression que c’est la dernière apparition de Zachary Levi dans le costume.
Reste quelques ressorts comiques sympathiques mais un peu convenus et des scènes d’actions plutôt bien réussies mais même Sandberg se perd dans son contenu. Si le premier Shazam comportait son lot de très bonne scènes bien représentatives de son cinéma personnel (La scène de massacre par le Dr. Sivana dans les bureaux de son père), tout est sacrifié dans la colère des Dieux sur l’autel de la démesure, du gigantisme, du réchauffé et du grand spectacle vide de sens. Voici une preuve de la différence drastique de qualité entre ces deux opus de Shazam :
Bigger, Faster, Stronger, mais absolument pas meilleur, cette Colère des Dieux demeure bien fade et aseptisée. Si le spectacle est au rendez-vous, la surprise du premier n’y est pas. Et les scènes post-génériques, qui nous teasent tout un délire sur l’omnipotence d’Amanda Waller se résultent à n’être que du vent, voire du flan. Un bon divertissement familial donc, mais dénué de toute once de créativité. Au final, nous ne sommes même pas revenus sur les deux scènes after credits pour une raison toute simple : Comme elles teasent quelque chose voué à s’éteindre, aucune raison d’en parler.
