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Blonde : création et destruction d’une icône éternelle

Nouvelle production Netflix ayant déjà dans son sillage lancée la polémique, Blonde d’Andrew Dominik n’en demeure pas moins un film aussi fascinant que dérangeant. Par son approche aussi crue que sensible le réalisateur embarque sans ménagements le spectateur dans une oeuvre bio-fictionnelle qui marquera les esprits.

Extraordinaire prestation d’Ana De Armas.

Adaptation éponyme du roman de Joyce Carol Oates, le récit se fraie un chemin dans la vie de Norma Jean alias Marylin Monroe, de son enfance à son décès. Sans concessions et avec une authenticité indéniable le métrage relate l’enfer derrière les strass et le déséquilibre psychologique d’une star intemporelle, résultat d’une vie chaotique, entre illusions et oubli de soi. Loin de l’image artificielle « made in Hollywood » de la blonde peroxydée dont les posters ornent les murs des soldats en manque d’affection, l’histoire se concentre sur la vraie Marylin, une femme en quête d’affection et de simplicité, écrasée par le monstre hollywoodien phallocrate et avide de chair.

Aussi lumineuse que sombre, cette Marylin est tout aussi envoutante que l’originale.

Car oui, le gros de la vie de Marylin tourne autour de sa plastique et des fantasmes et jalousies que son apparence suscite. Sur ce point, le réalisateur n’y va pas avec le dos de la cuillère et malmène son spectateur autant que son interprète pour un résultat amenant gène et malaise sans jamais sombrer dans la vulgarité. De plus, le changement de ratios d’image, le passage du noir et blanc à la couleur et des effets de distorsions intelligemment calibrés, apporte une dimension supplémentaire et une véritable identité à l’ensemble.

Sans nul doute le personnage masculin le plus sympathique du film.

Fort d’une technique irréprochable le film nous entraine dans la longue descente aux enfers de son personnage central. Subissant viols, humiliations et avortements contraints, on nage souvent dans le sordide et les moments d’accalmies ou l’on voit Marylin à peu près sereine laissent malgré tout un gout amer qui ne font que renforcer l’empathie que l’on ressent pour elle. Une innocence sacrifiée à l’ogre patriarcal, en plein pouvoir dans les années 50. De Di Maggio le primaire possessif, à Miller le légèrement mégalo en passant par Kennedy le gros porc, les hommes de la vie de Marylin sont dépeints comme des sagouins libidineux, à part pour Miller, et Marylin est réduite à un morceau de viande. Si ce constat peu paraitre abject, le réalisateur maitrise néanmoins le sujet et ne se laisse pas emporter dans le vulgaire affichage de scène trash, mais dans une esthétisation de l’horreur que peut subir une femme dépossédée d’elle même. La portée moralisatrice et critique du film peut être perdue dans la cruauté du récit et la noirceur de certaines séquences, mais si on prend la peine de lire entre les lignes et ne pas prendre le film frontalement, on prend conscience du message que recèle cette version romancée de la vie de Marylin. Le choix de ce personnage n’est d’ailleurs pas anodin et ne fait que renforcer le propos, l’Homme salit tout même ce qu’il créé de plus beau.

Les moments de douceurs sont tout aussi intenses que le reste.

Andrew Dominik seul n’aurait pas pu accomplir le tour de force que représente Blonde, il fallait une actrice à la hauteur du projet, et Ana De Armas relève le défi de manière exceptionnelle. D’une sensibilité et d’une intensité remarquable, sa performance force le respect tant elle couvre un éventail de jeu titanesque. Autant dans les scènes légères que dans les plus sordides, l’actrice est réellement habitée par le personnage et donne tout à l’écran. Le reste du casting est impressionnant de justesse et d’authenticité, en particulier Adrien Brody qui donne une prestation à la mesure de son talent, mais la véritable claque vient l’interprète principale qui se place en pole position pour l’Oscar tant son interprétation est hallucinante d’efficacité, sans fausse note, si vous pensiez être prêts, vous ne l’êtes pas.

D’un charme et d’une intensité incroyable De Armas nous offre une Marylin plus vraie que nature.

Bien sûr le film peut diviser, tant la vision romancée de la vie de Marylin l’éloigne du glamour sur papier glacé et de l’image d’épinal que renvoie le star system hollywoodien des années 50, mais il ne faut pas oublier que la vie de Marylin est loin d’être un modèle de bien être et de tranquilité. Parsemée de mensonges et de secrets bien gardés, la vie de la star a nourrit autant de fantasmes à l’écran que dans sa vie privée. Le récit prenant des libertés avec la réalité il était évident que le film allait faire grincer des dents plus d’un fan, mais c’était sans compter sur son aspect cru et brutal qui prend littéralement le spectateur à la gorge tant les scènes « chocs » sont éprouvantes. De la à lancer une polémique sur le fait que le film serait anti-avortement, c’est clairement que l’on a pas compris l’ensemble et qu’on cherche la polémique là ou il n’y en a pas.

Un travail de l’image parfait pour une authenticité efficace.

Avertissement: Si l’envie vous prenait de regarder ce film en famille, je vous le déconseille fortement. Même si Marylin Monroe est un personnage léger et charismatique qui peut plaire aux jeunes filles, le film y dépeint une tout autre version, avec de la nudité, des scènes de viols, dont une fellation présidentielle particulièrement éprouvante, bien que techniquement réussie. Encore une fois, Andrew Dominik n’épargne pas son public et même les scènes d’avortements peuvent heurter les spectateurs les plus sensibles. Certes, c’est pas du Lars Von Trier, mais la jolie blonde sur l’affiche peut être trompeuse. Il ne faut pas juger un livre à sa couverture, pour les films c’est pareil.

Un personnage tout bonnement abominable.

Alors que Netflix nous avait habitué à des productions assez oubliables, la production frappe un grand coup avec ce film. Une véritable réussite que ce Blonde, s’il n’est vraiment pas tous publics et encore moins grand public, il saura séduire par son intensité et son authenticité. Il déplaira autant qu’il séduira, mais il ne laisse pas indifférent. Si la première partie peut sembler laborieuse, c’est pour mieux installer une seconde partie chargée en émotions. Avec sa réalisation, sa technique impeccable, et un casting efficace mené par une Ana De Armas en état de grace, le film est un bijou d’esthétisme dans le bon comme le mauvais. On en sort épuisé, mais avec une sympathie pour Marylin surmultipliée. A ne pas mettre entre toutes les mains malgré tout, on est à mi-chemin entre Requiem For a Dream et Mother niveau intensité dramatique.

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