Sorti en 2017, Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson est un film de science-fiction adapté de l’univers de la bande dessinée Française Valérian et Laureline de Jean-Claude Mézières et Pierre Christin. L’histoire raconte celle de deux agents spatio-temporels mandatés par le Ministre de la Défense pour rejoindre Alpha, où réside un mystère pouvant mettre en péril l’univers tout entier.
Avec 197 millions de dollars de budget, ce mastodonte réalisé par Luc Besson est le film Français le plus cher de tous les temps, loin devant les 78 millions d’Astérix aux jeux Olympiques (2006). Le film est une production presque entièrement prise en charge par EuropaCorp sauf quelques partenaires mineurs. Luc Besson a annoncé la mise en route du projet le 12 Mai 2015, quelques mois après le carton international de Lucy, qui avait encaissé 458 millions de dollars de recettes internationales.
Beaucoup d’attentes autour de ce mastodonte Français mais la donne fut sans appel. Avec 225 millions de dollars de recettes mondiales dont 40% reversées aux salles de cinéma, Valérian fut un four total. Le public Américain a clairement boudé le Blockbuster avec seulement 41 millions de recettes malgré un succès Français important pour ce type de long-métrage (4,04 millions de spectateurs).
Beaucoup trop d’argent investi
Rien que dans le budget. 197 millions pour un film Français qui s’exporte vers l’international, c’est un pari dangereux. Aucun film n’a fait pour le moment mieux que Lucy en termes de carton mondial et c’est sans doute ce récent succès qui aura pousser EuropaCorp et Luc Besson à se jeter dans la gueule du loup. En tout, Luc Besson aura touché 12,3 millions lui tout seul (850 000 euros en tant qu’adaptateur et dialoguiste, 2,2 millions en tant que réalisateur, 2,2 millions en droits d’auteur et 7 millions en tant que producteur). Cette manne financière représente la moitié de la somme totale investi pour les salaires de tous les autres membres du casting. C’est au total quasiment 40 millions de dollars investis pour l’équipe du film alors qu’il pouvait y avoir matière de réduire la voilure.
Des manières de rémunérer les acteurs autrement existent bien dans le cinéma mondial et auraient gagné à être essayé ici. Le studio Blumhouse Productions notamment privilégie un petit salaire pour ses acteurs mais les payent via un intéressement sur les recettes en salle.
Le film a d’autant plus connu un parcours de production compliqué. Luc Besson a bataillé longtemps pour que son film puisse bénéficier du crédit d’impôt du CNC pour les productions étrangères, étant donné que la grande majorité du film a été tourné en Nouvelle-Zélande. L’autre partie a été shootée dans la cité du Cinéma de la plaine Saint-Denis.
Une réception critique très médiocre
Valérian n’a pas été forcément apprécié par les critiques. Aux Etats-Unis, l’agrégateur de critiques Rotten Tomatoes lui a attribué la note moyenne de 50% d’avis positifs, soulignant certes une richesse visuelle impressionnante mais un scénario bien faiblard. Le Hollywood Reporter, média très important aux Etats-Unis, a classé Valérian parmi les plus mauvais films de l’année 2017.
Si la critique Française est plus clémente, nous rejoignons un peu plus les Américains dans notre critique du film, morceau choisi : « Valérian c’est une proposition de cinéma visuellement intéressante et novatrice sur quelques points, mais hachée par un scénario convenu, trop stéréotypé et particulièrement mal organisé ».
EuropaCorp en banqueroute
Même si le film a été un four monumental, Luc Besson ne rejette pas totalement l’idée d’une suite, arguant que celle-ci a constitué une base de fans assez solide de l’univers. Le directeur général adjoint d’EuropaCorp, Édouard de Vésinne, cède début septembre 2017 la place à l’Américain Marc Shumger, directeur général. De plus, les projets de production américains semblent devoir être réduits et l’exercice fiscal fragile d’EuropaCorp initie un changement majeur dans les actionnaires de la société.
En Mai 2019, c’est le coup de massue : EuropaCorp est placé en procédure de sauvegarde. Le 29 Février 2020, c’est Vine Alternative Investments qui récupère la firme Française. Luc Besson est évincé de son poste de directeur général mais reste le commanditaire de la direction artistique de la firme pour 5 ans. En Janvier 2022, Vine Alternative Investments possède 59,9% de la société tandis que Luc Besson n’en que 12,7 %. Le reste est partagé entre des actionnaires minoritaires : Fundamental Films, Falcon Investment ou encore Habert Dassault Finance.
Toujours financièrement très fragile, EuropaCorp a abandonné la majeure partie de ses projets internationaux, ne se concentrant que sur des films Français. Nouvelle déconvenue, les studios de productions de Paris dans la Cité du Cinéma ont été vendus fin Février 2022 à la société Eagle Pictures France pilotée par Tarak Ben Ammar.
Une mauvaise santé financière qui se répercute aussi sur les productions. Si 44 films ont été produits par Europacorp de 2010 à 2017, l’ère post-Valérian est difficile. En cinq ans, la firme n’a produit que six films dont un seul en 2020 (Une sirène à Paris de Mathias Malzieu). En 2019, Anna aura été un nouveau coup de massue pour l’écurie de Luc Besson avec 31 millions de dollars de recettes mondiales pour le même budget, sans compter le coût du marketing.
Ainsi, si Valérian a mis EuropaCorp en état financier très fragile, on ne devrait pas voir une grande galerie de productions internationales se bousculer dans leurs plans malgré les nouveaux investisseurs.