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#1 DE L'ACTUALITÉ CINÉMA ET SÉRIES

Analyses

Le cinéma Français peut-il rivaliser avec l’ogre Américain ?

Le cinéma Français, c’est un ciment de la culture de notre pays aujourd’hui. Nous faisons partie des pionniers du cinéma. Pourtant, nous sommes depuis quelques décennies maintenant rattrapés par l’ogre Américain, qui met en œuvre l’essor d’une politique de financement massif pour créer des films “bigger, faster, stronger”. La faute à un septième art qui s’est délocalisé au moyen de boîtes de productions axées sur le profit. Nées sous les impulsions de Charles Pathé et Max Linder, c’est véritablement George Méliès qui, à proprement parler, à créer l’industrie cinématographique avec la Starfilm. Méliès est surtout le géniteur de l’un des courts-métrages les plus importants de l’histoire du cinéma : Le Voyage dans la lune (1902).

Le film sera le premier grand triomphe du cinéma populaire et le géniteur primaire de la science-fiction. Produit par la Starfilm (société de production de Georges Méliès créée en 1896), le court-métrage est inspiré de plusieurs histoires comme « De la Terre à la lune » de Jules Verne ou encore « Autour de la Lune » de H.G Wells (notamment en ce qui concerne les personnages des Sélénites). Pour la figuration de son court, Méliès emploie Bleuette Vernon (une chanteuse de music-hall), des danseurs à corps de châtelet et, pour les Sélénites (monstres lunaires), des acrobates des folies bergères. Il prend le soin de n’appeler que des professionnels du monde du spectacle, comme lui dans un sens. Plus de 18 décors et 29 tableaux sont nécessaires pour l’enchaînement des actions, qui passent des toitures d’une ville où sera lancée la fusée pour la lune à notre satellite lui-même où se trouve les Sélénites en passant par le tribunal où se joue la scène initiale du voyage dans la Lune, porté par un Méliès aussi acteur, grimé en professeur Barbenfouillis.

George Méliès a fait naître notre art Français, lancé avec les Lumières, et perpétué au travers des générations par des cinéastes différents dans leur structure comme Jean Renoir, Gaston Ravel, Sacha Guitry ou encore Jean Vigo. Ce n’est véritablement qu’à partir de leurs films que l’on invente certaines prises de vue (comme la longueur et la profondeur des plans par exemple). On poursuit ensuite vers différents courants (la nouvelle vague dans les années 60) et un cinéma Français qui prend du galon. Mais le cinéma Américain est allé encore plus vite en révolutionnant toutes les techniques d’approche du cinéma en proposant des longs-métrages toujours plus dingues et surfant sur différents courants (Western, SF…) tout au long des années. Aujourd’hui on en est dans un constat simple :

Malgré l’éclatante réussite du cinéma Français, des œuvres cimentées dans notre patrimoine comme les chef-d’œuvres de Méliès ou de Jean Renoir, le cinéma Américain met la gomme sur des techniques de réalisation révolutionnaires et déploie une industrie gargantuesque. Même si nous n’avons pas à rougir de la domination Américaine sur le 7ème art, nous restons bien plus avancés que certains pays. 

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Grand Illusion 1937
La Grande Illusion (1937) de Jean Renoir

En France, c’est le CNC, placé sous tutelle du Ministère de la culture qui accorde des financements à certains films amateurs. Il est financé par des taxes prélevées sur les billets de cinéma, les ventes de DVD, les services de vidéo-à-la-demande, les chaînes de télévision et les opérateurs télécoms. Pour le reste, la majeure partie des films s’appuie sur des sociétés de production et de distribution. Prenons exemple avec Titane de Julia Ducournau en 2021 :

Société de productions : Kazak Productions ; Frakas Productions ; Arte France Cinemas ; VOO et BeTv. 

Des sociétés mineures pour un budget qui l’est tout autant. Titane, film intimiste horrifique et intense de Ducournau, n’avait qu’un petit budget de 7,043 millions d’euros, à des années lumières des mastodontes Américains. En comparaison, Alex Garland a obtenu 15 millions de financement pour son Ex Machina en 2015.

titane
Titane de Julia Ducournau (2021)

Les studios cinématographiques Français n’ont pas le même rendement financier que les Américains, la faute sans doute à plusieurs facteurs dont le public qui n’est pas tout à fait le même (329 millions d’Américains contre 67 millions de Français). Le CNC, dont le budget n’est pas stable, ne peut pas non plus structurer convenablement son budget. Prendre le problème autrement et créer une véritable structure d’état liée à l’exploitation cinéma peut aussi être une façon de voir les choses plus grand. 

En 2016, voici les résultats financiers de Gaumont :

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205,3 millions d’euros de dettes

189 millions d’euros en moins de chiffre d’affaires

Europacorp, un autre mastodonte du cinéma Français, s’est violemment écroulé à la suite de l’échec Valérian et la cité des mille planètes (2017), seule superproduction française à avoir un budget aussi conséquent avec 197 millions de dollars. Le studio a notamment immédiatement été mis en procédure de sauvegarde à la fin de l’exploitation du film au box-office. Exit la volonté de Luc Besson de rivaliser avec les franchises Star Wars et Avengers.

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Valérian et la Cité des mille planètes – La critique
Valérian et la Cité des mille planètes – 2017

A côté de ce marasme ambiant Français, les Américains flambent.

Blumhouse Productions arrive à conduire une politique petit profit, maxi-rentabilité grâce à des films d’horreur ciblant souvent un jeune public et en acquérant des licences américaines très cotées. Résultat, ils ne sont que très rarement en déficit. 

Quant à The Walt Disney Company, qui arrive à toucher des domaines plus larges que le cinéma, ils ont effectué 65,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2020. 

Au fil du 20ème siècle, les entreprises Françaises et Américaines ont évolué différemment, avec une autre façon de rentabiliser, de créer des entreprises, d’exploiter le filon cinématographique. 

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Autre problème : l’exportation. Les films Français ne s’exportent pas si bien que leurs homologues Américains. On va prendre l’exemple du film Français ayant le mieux marché pendant l’année 2019, à savoir Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon dieu de Philippe de Chauveron. C’est le seul film que nous trouvons dans le top 10 de cette année, au milieu de grosses productions Holywoodiennes : le Roi Lion, La reine des neiges 2, Avengers : Endgame ou encore Star Wars épisode 9. Parmi ces titres, la plupart s’exportent facilement dans le monde sauf le film de Philippe de Chauveron qui, s’il a totalisé 6,7 millions de Français, n’a séduit que 3,7 millions de personnes supplémentaires dans tous les pays du monde. Là où un Avengers : Endgame a cassé la baraque pays par pays. Il s’agit donc d’un problème de propriétaires de licences connues mais un autre exemple est plus flagrant et nous y reviendrons un peu plus tard.

Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon dieu ? [Critique en avant-première]
Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon dieu ? de Philippe de Chauveron (2019)

Pour qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu (on parle du premier cette fois-ci), le film a rapporté 78,1 millions d’euros pour un budget de 12 millions. 

Le seul problème avec tout ça c’est que le cinéma Français est continuellement coincé entre deux sièges. Désormais, le public est habitué à se rendre en salles le dimanche pour apprécier une comédie de Dany Boon ou un drame Français bien lambda. Mais déserte en revanche les prises de risques telles que Titane de Julia Ducournau ou La Nuée de Just Philippot. Ce travail passe par la nécessité de prendre des risques artistiques. Avec 12 millions, on peut faire des trucs qui s’exportent et qui fonctionnent, on peut aller chercher de talentueux comédiens Français et internationaux (Johnny Depp sera notamment dans le prochain film de Maïwenn). En promouvant l’audace sur le même piédestal que la continuité, le cinéma Français peut aller chercher plus loin même si on ne s’appuie pas sur le même matériel culturel que nos homologues Américains. Il n’y a qu’à prendre le résultat du The Artist de Michel Hazanavicius (133 millions de recettes mondiales)

Et pourtant, qualitativement parlant, il est évident que le cinéma Français peut fournir des trucs XXL et très ambitieux. Il n’y a qu’à voir ces différents titres et leurs coûts :

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  • Le prince oublié (2020) de Michel Hazanavicius – 25 millions d’euros
  • Le petit prince (2015) de Mark Osborne – 52 millions d’euros
  • Sur la piste du Marsupilami (2012) – même si c’est un désastre, ça a coûté 39,4 millions d’euros.

Et il y en a encore beaucoup d’autres, avec des succès plus ou moins relatifs. Mais la superpuissance Américaine semble encore bien trop lointaine. Spider-Man : No Way Home, dernier gros film Marvel, a encaissé à ce jour 1.8 milliards de dollars de recettes. Le défi pour la France, en termes d’adaptation est de fournir l’effort adéquat en fonction du matériel source cherché.

Exemple : Les schtroumpfs. Les deux premiers films sous pavillon Américain ont encaissé 800 millions de dollars de recettes au box-office car bon export mondial. En revanche, la France, qui a adapté Benoît Brisefer : Les Taxis Rouges (2014), une autre bande-dessinée Belge, s’est cassé la figure au box-office (95 000 entrées au total environ sur le territoire Français et Belge). Les deux investissements diffèrent totalement (presque 60 millions de dollars furent investis pour les Schtroumpfs 1 contre 7,06 millions d’euros pour Benoît Brisefer – soit quasiment 8 millions de dollars).

smurfs
Les schtroumpfs

L’enjeu est là : Qualitativement, la France sait fournir des films intéressants, il n’y a qu’à considérer l’apport de Julia Ducournau, Xavier Gens, Just Philippot, Michel Hazanavicius, François Ozon, Jean-Jacques Anneau, Jacques Audiard, Luc Besson, Maïwenn, Jean-Pierre Jeunet ou encore Céline Sciamma. Nous avons les cinéastes, nous avons des films pouvant être unanimement salués par la critique et par les spectateurs, il ne reste plus qu’à le faire vivre, même si les ogres Warner ou Disney conserveront une longueur d’avance d’un point de vue budgétaire.

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