Après le succès du premier opus sorti en 2017 (817 millions de dollars de recettes au box-office et 93% d’avis positifs sur l’agrégateur de critiques Rotten Tomatoes), Patty Jenkins et Gal Gadot sont de retour pour un Wonder Woman 1984 où Diana Prince va évoluer dans les années 80 et affronter deux nouveaux ennemis dangereux : Maxwell Lord et Cheetah.
Ce nouveau film n’a pas forcément rencontré le succès avec 166 millions de dollars de recettes au cinéma tandis que les chiffres de recettes sur HBO Max sont gardés sous clef. Mais la donne est sans appel : apparemment, Wonder Woman est bel et bien un bide financier selon les gestionnaires de la Warner. En plus de cela, le score critique est bien en-deçà du précédant : 58% d’avis positifs sur Rotten Tomatoes et des retours majoritairement négatifs en France. Le long-métrage de Patty Jenkins a longuement souffert des incertitudes de l’année 2020 en termes de sorties cinéma. Et ça n’a pas manqué : Wonder Woman 1984 est bien un désastre à tous les niveaux et pour plusieurs raisons.
Des scènes d’action à la ramasse
Si la séquence d’ouverture reste sympathique à suivre et bien filmée (attention c’est la seule), le reste est à jeter. C’est effectivement le flash-back de Diana et son épreuve étant jeune qui nous propulse de façon efficace dans le film. C’est beau, rythmé, bien filmé et extrêmement bien encadré par la lumière. De toute façon, les scènes sur Themyscira sont bien réussies jusqu’à ce qu’on retrouve Diana dans les années 80 où tout est trop faux et trop désaturé. Les scènes d’actions sont molles et illisibles, ponctuées par des ralentis immondes (la scène de poursuite en voiture). Mais étant donné que 75% du film sont des diatribes verbeuses bien représentatives d’un scénario aux abois, il n’y a quasiment rien à notifier sur l’action.
Et que dire du combat final entre Diana et Cheetah, moche et absurde, rapide et sans aucune intensité… Nous ne développons aucune sympathie pour l’antagoniste, exacerbée en tant que la pauvre femme Geek qui n’a pas beaucoup de chance dans la vie. Enfin, aucune scène d’action entre Maxwell Lord et Diana ne nous est offert, puisque la résolution du conflit intervient comme un cheveu sur la soupe à grands coups de « il faut voir la beauté du monde Max ! ». Bien-pensance et romantisme viennent remplacer ce que l’on devait ressentir comme étant de grands éclats d’actions et de frissons.
Misogynie, absurdie et messages pourris
Wonder Woman 1984 capitalise la majeure partie de ses défauts sur un personnage : Cheetah (Kristen Wiig). DC Films tente d’opposer de façon maladroite deux personnages qu’il enferme sans faire exprès dans des gros clichés ambulants. Diana est la femme sublime, moderne, avec du répondant, forte et courageuse, tandis que Cheetah est la femme invisible par excellence, timide, humiliée et « moche ». Alors qu’elle fait le vœu de se sentir comme Diana, voilà que Cheetah a pour seul changement de physique celui… de ne plus avoir de lunettes.
La seule scène qui nous montre d’ailleurs que Cheetah ne se laisse plus marcher sur les pieds c’est lorsqu’on la voit violenter deux hommes qui lui parlent mal (Misandrie, on est pas si loin de toi). Alors qu’il y avait trente façons de rendre son film puissant et féministe, Patty Jenkins saute à pieds joints dans un bol de soupe.
Mais quelque chose d’encore plus absurde transforme Wonder Woman 1984 en absurdie cinématographique : le thème de l’échange de corps. Dans le film, Diana fait en effet le vœu de retrouver Steve Trevor, son bien-aimé mort dans le premier volet. L’esprit de ce dernier revient dans le corps d’un homme lambda « pris en otage ». De ses yeux Diana voit Steve mais il s’agit bien d’un inconnu. Cette situation pose un très clair problème de consentement puisque Diana forme un couple avec cet homme et abuse de lui sans que ce dernier n’y oppose une quelconque résistance. De plus, c’est clairement une manière absurde et feignante de ramener Steve Trevor, d’autant que c’est par sa présence que le côté épique du film meurt au profit de son côté romantique.
Des personnages secondaires inexistants
Si les Amazones tenaient une place importante dans Wonder Woman premier du nom et même dans la Snyder Cut, elles sont quasiment absentes de WW1984. Vu que la majeure partie du film est centrée sur l’amourette entre Diana et Steve, on perd le puissant côté mythologique de ces guerrières. Et puis, il n’y a pas à nier, le charisme de Connie Nielsen casse un peu plus la baraque que celui de Kristen Wiig en Cheetah.
Seul point positif du film : Maxwell Lord
Le personnage incarné par Pedro Pascal est sans doute l’un des seuls point fort du film. Son extravagant personnage a un véritable background, il paraît crédible à l’écran, à mi-chemin entre Nicolas Cage et Donald Trump, ce magnat de l’immobilier est une vraie menace pour Diana.
Sur les 2h30 de film, il y a bien 30 minutes sur le personnage, ce qui nous permet d’avoir un antagoniste bien introduit.
Mais mis à part ça, tout le reste ne fonctionne pas, il faudrait exploiter cette bouse plus en profondeur pour en préciser chaque tournure, pour voir à quelle point ce long-métrage est probablement, avec Suicide Squad, le plus gros désastre du DCEU jamais produit.