Barbaque est un long-métrage interdit aux moins de 12 ans.
Vincent et Sophie sont bouchers. Leur commerce, tout comme leur couple, est en crise. Mais leur vie va basculer le jour où Vincent tue accidentellement un vegan militant qui a saccagé leur boutique… Pour se débarrasser du corps, il en fait un jambon que sa femme va vendre par mégarde. Jamais jambon n’avait connu un tel succès ! L’idée de recommencer pourrait bien les titiller…
Barbaque de Fabrice Eboué était la curiosité de cet automne 2021. Des réactions plutôt enjouée à l’étrange Festival 2021 jusqu’à l’interview crue et sans pitié de Fabrice Eboué qui confiait n’en avoir « rien à foutre » des réseaux sociaux, on sentait que le film allait tendre vers quelque chose de singulier. Dans un monde où tout le monde se regarde en chiens de faïence, où les gens se montent les uns contre les autres, où le moindre humour mal dosé est violemment critiqué et apparaît comme vexant, l’humoriste et réalisateur de « Case Départ » ou « Coexister » fait exploser tout cela. Il permet aux spectateurs, le temps d’1h27 de film, de rire, sans être contre une communauté quelconque.
Barbaque va plus loin que cela, derrière sa pastiche facilement rattachable à un slasher anti-vegans, se cache de plus amples interrogations. Loin de stigmatiser les vegans, Eboué en rit sans les attaquer, rit aussi de son couple de personnages principaux qu’il prend un malin plaisir à caricaturer. Il fait de même avec les personnages tertiaires (le policier, les industriels…). Tout le monde en prend pour son grade, si bien que les tueries passent au dernier plan.
L’humoriste l’avait garantit, Barbaque c’est aussi une comédie romantique, entre un Macbeth et une Lady Macbeth des temps modernes. Le personnage de Vincent, que l’on pensait comme l’investigateur de ce penchant pour la vente de viande humaine, est le personnage qui s’interroge le plus sur cette situation. C’est sa femme Sophie, campée par une impeccable Marina Foïs, qui prend les rênes du couple et de cette série de meurtres en se montrant bien plus vicieuse et troublante que son mari.
Fabrice Eboué étonne aussi en proposant une réalisation flashy, colorée, presque avec un cachet téléfilm, ce qui rend le gore beaucoup plus gore et le romantique beaucoup plus romantique. Ce parfait mariage des genres donne une vraie singularité à Barbaque, celle d’un film qui n’a que pour unique objectif de déjouer les clichés pour se marrer de tout le monde, avec tout le monde. Un vrai coup de force de l’humoriste, qui fera sûrement grincer les dents de beaucoup mais qui demeure une comédie noire jouissive et qui n’est régie par aucune règle. Un vrai plaisir à découvrir en salles obscures !
