Dans ce bon revenge movie, très inspiré de John Wick avec une sauce Tarantino, Bob Odenkirk crée la surprise et frappe fort, dans un rôle qui lui va étonnamment comme un gant. Si de nombreux spectateurs le connaissent par le biais de Better Call Saul, dont il tient le rôle titre, Bob Odenkirk est un talent comique indéniable qui explose littéralement aux côtés de David Cross, dans Mister Show.Un programme humoristique collectif, façon Saturday Night Live, mêlant captation en direct et sketches pré-enregistrés, que l’on vous recommande chaudement.
La suite de ce programme à été diffusée très rapidement sur Netflix en 2020, mais à été intégralement retirée suite à un sketch comportant un Black Face de David Cross. Une grosse perte, tant cette suite était aussi bonne que les premiers sketchs, malgré les années qui les séparent.
Humour, bastons, fusillades, poursuites et vrai jeu d’acteurs se mélangent ici pour un résultat très rafraichissant. Si l’influence de John Wick est indéniable, ce métrage se défait légèrement de la noirceur de son modèle pour imposer un style et un rythme qui lui est propre. Flirtant souvent avec la caricature, le film ne bascule à aucun moment dans le grotesque et c’est clairement ce qui fait sa force. Très éloigné de son personnage fétiche de Saul Goodman, plus rusé et diplomate que franchement bagarreur, ce « nobody » porte vraiment bien son nom tant le personnage pourrait être le premier quidam venu… à la condition d’avoir un passé trouble et mystérieux qu’un événement fortuit va finir par réveiller et pousser le pépère pantoufles, zombifié par la routine quotidienne, à coller des patates à tour de bras et flinguer tous ceux qui pourraient lui barrer la route.
Le personnage s’éloigne du modèle standard du one man army, car il semble beaucoup plus humanisé, il se fatigue, saigne et souffre, et il avance dans sa vengeance, qui se transforme vite en survie, de plus en plus péniblement. Moins bourrin qu’il n’y parait tant l’attitude du personnage et de son entourage sonnent réalistes, on est clairement dans le film de vengeance pour adultes, à l’image du très bon, et très dark, Death Sentence avec Kevin Bacon. Avec la touche de sympathie qu’apporte l’aura d’Odenkirk à l’ensemble, le film évite de sombrer dans le pathos et garde un semblant de désinvolture.
Un réel plaisir également de revoir Christopher Lloyd, qui incarne le père du fameux nobody et s’éclate comme un fou à jouer de la pétoire. Si le scénario semble vu et revu,-le gentil papa ricain aux prises avec des méchants étrangers sanguinaires qui ne savent que faire le mal-, c’est l’aspect remise en question du personnage qui vaut le détour, sans pour autant alourdir la narration et en conservant toute la saveur et le rythme soutenu du récit. S’ajoute à cela, la réalisation efficace d’Ilya Naishuller, une bande-son percutante et dynamique, en parfait accord avec l’action, et on obtient le bon petit cocktail qui nous assure de passer un excellent moment.