Il est enfin sorti. Après des semaines d’attente, d’espoir et de craintes, ce nouveau chapitre vient clore la postlogie entamée en 2015 avec le Réveil de la Force, opus qui avait laissé bon nombre de fans dubitatifs mais curieux quant à l’avenir de la saga. Le chapitre suivant n’avait fait qu’alourdir le dossier et ne faisait que renforcer la haine de cette nouvelle trilogie. J.J. Abrams se devait de rectifier le tir. Une pression énorme, émanant principalement d’une fan base très capricieuse et exigeante, reposait sur les épaules de cette conclusion qui souhaitait corriger les lacunes de l’épisode 7 et les erreurs du 8, tout en apportant réponses et satisfaction à un public peu enclin à accepter de nouvelles déceptions.
Au delà de la qualité brute du film, d’un point de vue technique, Abrams rempli le cahier des charges d’un Star Wars abouti malgré son manque de finesse et de développement. Le manque de temps se fait cruellement sentir tout au long du métrage, qui aurait bien mérité une heure supplémentaire afin de pouvoir poser les émotions dans la durée et retrouver le souffle épique propre à la saga, et approfondir les éléments clés du récit. Un survol scénaristique qui créé un sentiment de frustration et d’incohérence que les spectateurs les plus tatillons ne laissent plus passer aujourd’hui. Mais ce n’est pas à « CE » public que Star Wars s’adresse. La cible étant principalement les 10-15 ans, il est évident que le public plus agé et plus aguerri cinématographiquement va se sentir floué voir exclu par le : »cherche pas, c’est magique! C’est la Force! ».
Chercher de la cohérence dans Star Wars, c’est déjà passer à côté de l’essentiel. Oui, c’est cousu de fil blanc et les scènes sont toutes plus téléphonées les unes que les autres. L’originalité ne sera pas au rendez-vous pour les spectateurs trop occupés à théoriser sur les événements du film au lieu de les prendre pour ce qu’ils sont. C’est un Star Wars réussi, avec ses imperfections. Il rattrape les erreurs du Derniers Jedi en taclant ses absurdités. Un récit simple, qui renoue avec le style Star Wars. Les combats spatiaux et les duels au sabre laser sont présents bien que trop courts. Il est difficile de rivaliser avec l’intensité du duel Anakin/Obi Wan sur fond de « Duel of the fates » de John Williams dans La Revanche Des Siths. Le drama est présent mais se disperse dans certaines sous intrigues dispensables, tout en apportant les réponses aux principales questions.
Certes, le film pêche par endroits et aurait pu prendre mille autres directions autrement plus satisfaisantes et d’autres bien plus décevantes. Mais il faut reconnaitre que malgré ses maladresses et ses gros sabots scénaristiques, cette conclusion fait son office et nous offre, sur le tard, du Star Wars comme on en attendait depuis l’épisode 7. Loin d’être le meilleur de la saga, cet opus reste le meilleur de cette postlogie.
Si les critiques négatives pleuvent déjà de toutes parts, il est bon de rappeler que la prélogie avait eue un accueil assez négatif du public de l’époque. Tenter de faire découvrir à un adulte néophyte la saga originale, c’est prendre le risque de le voir s’emmerder « modèle géant ». Star Wars change, mais reste le même, c’est aux fans vieillissants de s’adapter et de comprendre que ces films ne s’adressent pas qu’à eux. Avec son fan service aussi gras que plaisant, cette trilogie s’adresse autant à eux qu’à la nouvelle génération de spectateurs, au même titre que la prélogie.
À chaque trilogie un épisode se démarque et pose la légitimité des deux autres chapitres; la prélogie avait La Revanche Des Sith, la trilogie avait L’Empire Contre-Attaque, et cette postlogie a L’Ascension de Skywalker. Chacun de ces films cache derrière la volonté d’un merchandising à outrance, une constance qui se ressent sur l’intégralité de la saga.
Le virage dû au Derniers Jedi rend le récit laborieux, mais la volonté de séduire à nouveau le public est présente pour un résultat plus qu’honnête et ranime la flamme vacillante de la saga. N’en déplaise à certains réfractaires, qui avaient probablement déjà enterré cette postlogie dès son premier épisode, n’allant que de déception en déception. Cet épisode n’en demeure pas moins un bon Star Wars.