Final d’une saga pour enfant gentillette, mais dispensable, « Belle et Sébastien » est de retour dans un tout dernier opus marqué par un changement radical de ton vis-à-vis des précédents films. Plus noire, à la limite du thriller à certains moments, la présence du personnage de Joseph, joué par Clovis Cornillac, insuffle une tout autre dynamique au film, et ça rend le produit final très efficace.
Nous n’avons pas vu les précédents volets de la saga, mais cela n’est pas gênant pour apprécier cette petite aventure familiale. Qualitativement, le film répond aux attentes. Il est en effet techniquement très abouti malgré la réalisation « novice » de Clovis Cornillac. Ce dernier montre en effet qu’il en a largement sous le pied lorsqu’il passe derrière la caméra. L’esthétique des plans est léché, les travellings intelligents permettent rapidement le passage d’une scène à une autre, sans sombrer dans un temps mort qui pourrait ralentir la narration de manière considérable. La réalisation densifie les émotions de ses personnages par des gros plans ultra-travaillés, uniquement utilisés pour faire avancer l’intrigue et faire progressivement monter la tension autour de l’antagoniste (notamment la scène dans le bar et du jeu de cartes entre Joseph et le maire de la ville).
Quelques légers points faibles de la réalisation : Certains travellings (bien trouvés) semblent cependant difficiles à suivre du regard, la netteté des paysages en pâtit. De plus, la scène où César et le maire recherchent Sébastien pendant la tempête de neige est compliquée à suivre. Mais là où le film cartonne, c’est que Clovis Cornillac insuffle une atmosphère spéciale, très en dehors de la photographie des précédents films. Son long-métrage prend la tournure d’un véritable film-aventure et parfois même, bascule dans le thriller pessimiste. Il y a d’ailleurs, un jump-scare largement inattendu dans « Belle et Sébastien 3″ dont le personnage de Joseph en est l’origine. A chacune des apparitions du personnage, la noirceur envahit les plans, pour nous offrir une immersion complète et une vraie recherche viscérale dans les émotions des différents protagonistes.
Côté acteurs, si Félix Bossuet est encore une fois excellent dans le rôle de Sébastien, les autres acteurs participent aussi à cette réussite. Tchéky Karyo a une relation touchante avec l’enfant, tandis que Margaux Chatelier, Thierry Neuvic et Anne Benoit font le travail, malgré une durée de performance minime à l’écran. En revanche, le personnage de Cornillac est excellent. C’est lui le vecteur principal de la réussite du film. Celui qui dynamise la narration, reconsidère les enjeux, et clôture en beauté la saga. On sent la relation qu’il a avec les animaux très authentiques. Malgré tout, cela n’a pas empêché l’acteur, présent à l’avant-première, de nous confier que « les scènes psychologiquement violentes qu’il tournait avec les animaux s’ensuivaient immédiatement de gestes de tendresse derrière la caméra ». Ainsi, jamais le film ne pâtissait jamais d’un inquiétant jusqu’au-boutisme de la violence.
Belle et Sébastien 3 clôture la saga de fort belle manière. L’impulsion débutée par Clovis Cornillac a radicalement changé le ton du film, permettant de mixer l’aventure et ode à l’enfance avec une noirceur dramatique intelligente. Une belle réussite à aller voir en salles !