S’il y avait un top 10 des meilleures séries animées, « Batman The Animated Series », créée par Bruce Timm et Paul Dini, en ferait assurément partie tant elle a bousculé le genre par sa qualité graphique et son ambiance de film noir, au point d’atteindre un statut culte et d’être considérée par des milliers de personnes comme LA meilleure adaptation du Chevalier Noir. En tant que fan invétéré du personnage et de ce traitement authentique, je vous propose une rétrospective pour chaque épisode, que vous pourrez retrouver tous les premiers Mercredi de chaque mois. Commençons donc par la base avec le premier épisode.
Intitulé On Leather Wings en VO, et Le Duel en VF, ce premier épisode met en scène la rencontre entre Batman et Man-Bat, alias le scientifique Kirk Langstrom, personnage créé en 1970 par Neal Adams et Frank Robbins dans le numéro 400 de Detective Comics. Nous devons la réalisation de cet épisode à Kevin Altieri, qui réalisera par la suite 21 autres épisodes de Batman et sera considéré comme l’un des meilleurs réalisateurs de la série. En plus de cela, il réalisera une séquence du film d’animation tirée de la série animée, Batman contre le fantôme masqué, l’adaptation animée de Gen 13, ainsi que quelques épisodes des séries animées Striperella (créé par Stan Lee avec les voix de Pamela Anderson et Mark Hamill), The Spectacular Spider-Man et Transformers : Rescue Bots. Le scénario est écrit par Mitch Brian, qui a également coécrit la bible de la série avec Bruce Timm et Paul Dini, et écrira plus tard les épisodes Version Originale et Bane. En plus de cela, il créera avec Sean Catherine Derek et Laren Bright le personnage de Renée Montoya.
Quant à la composition musicale, elle est assurée par la talentueuse Shirley Walker, qui deviendra la compositrice principale de la série, tout en supervisant la musique sur les épisodes qu’elle ne composera pas. A noter qu’elle fut également la chef d’orchestre de Danny Elfman sur les longs-métrages Fantômes en fête, Batman, Edward aux mains d’argent, Dick Tracy, Cabal, Darkman et Article 99, de Carter Burwell sur Duo Mortel, Dingo et Max et Fear, de John Du Prez sur Les Tortues Ninja, et de Hans Zimmer sur Black Rain, Comme un oiseau sur la branche, Jours de Tonnerre, Fenêtre sur Pacifique, Croc-Blanc, Backdraft, Radio Flyer, Une équipe hors du commun, Toys et Opération Shakespeare. Elle sera également compositrice de quelques épisodes de Superman, l’Ange de Métropolis (tout en composant le thème du générique), The New Batman Adventures (en composant également le thème du générique), Flash (la série de 1990), Les aventures d’un homme invisible, Batman contre le fantôme masqué, Los Angeles 2013, Spawn la série animée, Batman la relève, Mystery Men et Destination Finale.
Tout commença avec ce sublime générique, nous présentant d’emblée le style de cette oeuvre sombre, avec la composition musicale exceptionnelle de Danny Elfman (tout comme sa composition pour le générique de la série télévisée Flash de 1990). La première scène nous présente le ciel nocturne de Gotham City avec un ballon dirigeable de la police de la ville (GCPD) traversant d’épais nuages. L’un des pilotes aperçoit furtivement une silhouette géante de chauve-souris. Silhouette que nous retrouvons entre les gratte-ciels de la ville. L’ambiance de Gotham est parfaitement retranscrite à travers les fenêtres éclairées et les architectures art-déco. Un agent de sécurité d’un laboratoire est ensuite attaqué par la fameuse créature. Cette première apparition de Man-Bat est efficace, mystérieuse et inquiétante puisque l’on aperçoit seulement l’arrière de sa tête et son ombre. Dès ces trois premières minutes, le ton de la série est donné, et à l’époque, le spectateur réalisait qu’il n’était pas devant un simple dessin animé pour enfants, mais devant une oeuvre sombre, mature et esthétique, avec le parti pris de proposer des designs inspirés de la série animée Superman des Studios Fleischer des années 40, qui fut à l’époque révolutionnaire, au point d’avoir un épisode nominé aux Oscars, côtoyant ainsi le maître du dessin animé : Walt Disney.
La scène suivante se déroule dans le bureau du Maire Hamilton Hill en compagnie de ce dernier, du commissaire Jim Gordon, de l’inspecteur Harvey Bullock et du procureur Harvey Dent. La qualité de l’animation à travers les éclairages, les jeux d’ombres via la grande fenêtre du bureau et le mobilier prouve la richesse et le perfectionnisme du travail des artistes, des animateurs et du réalisateur. C’est en visionnant de nouveau une telle oeuvre que l’on regrette la belle époque des séries animées de qualité dont Batman The Animated Series faisait partie. Revenons à nos quatre personnages, dont la conversation concerne l’agent de sécurité envoyé à l’hôpital par un homme chauve-souris. Suite à une déclaration de Bullock dans le Gotham Glazer certifiant que la police de la ville déclare la guerre à Batman en conséquence de l’attaque, le commissaire Gordon lui fait part de son mécontentement, n’approuvant pas du tout cette annonce officielle. Bullock demande alors au Maire la mise en place d’une brigade spéciale sous son contrôle afin de s’occuper du Chevalier Noir. Bien que Gordon refuse l’idée d’une police privée, le Maire accepte la requête de Bullock. A travers leur charisme, leur animation et leurs premières lignes de dialogue, nous avons déjà une excellente présentation et une psychologie efficace des personnages contrastés que sont Jim Gordon et son inspecteur Bullock. Ce dernier deviendra tout au long de la série un personnage de qualité, flic bourru ne se séparant jamais de son cure-dent et de son chapeau, détestant Batman qu’il considère comme un dangereux hors la loi. Au fil du temps, nous apprendrons que cette haine masque en réalité une véritable jalousie envers le justicier. La conversation se conclut par Harvey Dent, déclarant, tout en jouant avec sa pièce fétiche, qu’il se ferait un plaisir de confronter Batman dans un tribunal afin de l’envoyer derrière des barreaux. Le fait de présenter Harvey Dent avant son accident, et ce, dès le premier épisode, prouvait l’excellente construction de l’univers complet de la série animée.
La troisième scène se déroule dans la batcave, où Batman et Alfred discutent de la déclaration de police officialisée par le Gotham Glazer. Dès ce premier épisode, nous pouvons entendre ce bruit particulier produit par le bat-ordinateur, instaurant à lui seul cette ambiance propre au QG de l’homme chauve-souris. La Batmobile, aux courbes inoubliables qui en fait l’un des plus beaux bolides de Batman toutes adaptations confondues, nous est présentée avec grâce, lorsque le justicier, à son bord, quitte la batcave pour rejoindre Gotham City. C’est là que nous apercevons le fameux ciel rouge sang et cette lune géante, typiques de la série animée. L’épisode se poursuit à travers la double enquête du justicier, aussi bien sous le masque de Batman que sous l’identité de Bruce Wayne. L’attitude de ce dernier, en public, se révèle plus avenante et quelque peu superficielle, comme cela est le cas dans les comics et les adaptations live de ces 15 dernières années. La majorité des gadgets de Batman nous sont également présentés, comme son spray permettant la vision de ses lunettes infra-rouge, ainsi que ses boules à gaz soporifiques, son bat-grappin et son fameux batarang.
Parallèlement à cela, Bullock tente de traquer Batman avec l’aide de sa brigade spéciale, cette dernière se déplaçant à travers un fourgon orange aux traits particuliers, qui fera le charme de la série. Les véhicules, notamment ceux du GCPD, et les vêtements dont les chapeaux feutrés, sont directement inspirés des années 30 et 40, permettant de constituer définitivement le ton unique de l’adaptation. La cerise sur le gâteau est la composition musicale de Shirley Walker, aux notes très « pulp », se mêlant parfaitement au genre « film noir » du récit, sans oublier son puissant et chevaleresque thème de Batman. Nous pouvons également entendre, au détour d’une scène, quelques notes du thème de « Batman 89 » par Danny Elfman. Le doublage original, tout comme le doublage français, est de qualité. La différence la plus notable est la voix de Kevin Conroy dans la version originale, plus grave lorsqu’il interprète Batman, alors que son doubleur français, Richard Darbois, bien que très talentueux et inoubliable, conserve le même timbre de voix pour Batman et Bruce Wayne, à l’instar de Patrick Osmond, le doubleur de Michael Keaton sur les deux films de Tim Burton.
La scène la plus marquante de l’épisode est sans nul doute celle précédant la confrontation finale, lorsque le Docteur Kirk Langstrom se transforme en Man-Bat sous les yeux du Chevalier Noir, digne des anciens et mythiques films d’horreur d’Universal Studios dont Dr Jekyll et Mister Hyde, chose encore inédite pour une série animée diffusée également pour un jeune public. Le design et l’animation de Man-Bat sont des plus réussis, en particulier lorsque Francine, la femme de Langstrom, surprend son mari après sa transformation. La réaction de Man-Bat procure une sensation de pitié tant son expression ressemble à celle d’un enfant regrettant d’avoir fait une bêtise, mêlée aux airs d’un animal apeuré. Dernier point assez rare pour une série animée familiale, surtout pour un premier épisode : le sang visible sur le visage de Batman après sa confrontation avec Man-Bat.
DISTRIBUTION ORIGINALE :
BATMAN/BRUCE WAYNE : Kevin Conroy, considéré par certains comme la meilleure incarnation du Chevalier Noir (Batman contre le Fantôme Masqué, Batman la relève, La Ligues des Justiciers, les jeux vidéos Arkham et Injustice, Superman/Batman : Apocalypse, Justice League : Echec, The Flashpoint Paradox, Assault on Arkham, Infinite Crisis, Batman vs Robin, The Killing Joke, Justice League Action, Batman and Harley Quinn)
ALFRED : Clive Revill (Contre une poignée de diamants, L’empire contre-attaque, Les Snorky)
COMISSAIRE GORDON : Bob Hastings (Sur le pont la marine, Superboy, Wonder Woman la série tv)
MAN-BAT/KIRK LANGSTROM : Marc Singer (V, Dallas, Arrow)
HARVEY DENT : Richard Moll (Tribunal de nuit, Mighty Max, La famille Pierrafeu, Spider-Man la série animée, Scary movie 2)
HARVEY BULLOCK : Robert Costanzo (Total Recall, Dick Tracy, Die Hard 2, Loïs & Clark, Arkham Origins, Mafia II)
LE MAIRE HILL : Lloyd Bochner (General Motors Presents, Hong Kong, The Richard Boone Show, Dynasty)
DISTRIBUTION FRANÇAISE :
BATMAN/BRUCE WAYNE : Richard Darbois (Doubleur de Harrison Ford, Danny Glover, Richard Gere, Dan Aykroyd, Jeff Goldblum, Patrick Swayze, et de Buzz L’Eclair, Le Génie (Aladdin), Biff de Retour vers le futur, etc)
ALFRED : Jacques Ciron (Et Dieu… créa la femme, Tout l’or du monde, Le Cerveau, Les Ripoux, Frantic, Au théâtre ce soir, doubleur d’Alfred dans Batman, Batman : Le Défi, Batman Forever et Batman et Robin, Mary Poppins, Barry Lyndon, Le loup-garou de Londres, Démolition Man, Le Fugitif, Alice aux Pays des merveilles, Merlin l’Enchanteur, à noter qu’il est également la voix accueillant les visiteurs dans La Tour de la Terreur à Walt Disney Studios)
COMISSAIRE GORDON : Jean-Claude Sachot (Doubleur dans Demolition Man, X-Men 2 (Stryker), Abyss, Le Silence des Agneaux, Batman Le Défi, Impitoyable, L’Impasse, The Mask, Tueurs nés, Daredevil, Akira, Fantasia 2000, The Shield, Sur écoute, Taboo)
MAN-BAT/KIRK LANGSTROM : Philippe Peythieu (Doubleur de Danny DeVito, Homer, Abraham et Otto dans Les Simpson, du Pingouin dans Batman TAS, Batman le Défi, Arkham City, Arkham Origins, Assault on Arkham, également doubleur dans Batman (Alexandre Knox), Les Animaniacs, Highlander, JFK, Les Incorruptibles, Philadelphia, Un monde parfait, La Liste de Schindler, True Lies, Men in Black, Titanic, Million Dollar Baby, Live by Night)
HARVEY DENT : Daniel Lafourcade (Doubleur de Oliver Platt, Paul Giamatti, Zach Galifianakis, également doubleur dans Stargate SG-1, Arkham Origins (Alfred), Superman (Otis), Beetlejuice, Abyss, Scream, I, Robot, Die Hard 4, Deadpool)
HARVEY BULLOCK : Gilbert Levy (Le Grand Pardon, La Vérité si je mens !, doubleur dans Les Simpson (Moe, Lenny, Willie, etc) Akira, Robocop 3, Jurassic Park, Porco Rosso, Dingo et Max, Le Voyage de Chihiro, Independence Day, Star Wars Episode IV, L’Arme Fatale, Qui veut la peau de Roger Rabbit, Batman (Bob), Indiana Jones et la Dernière Croisade, Retour vers le futur 2, Tango et Cash, Le Silence des Agneaux, True Romance, Terminator 2, Casper, Titanic, Batman et Robin, Transformers 2, Machette Kills)
LE MAIRE HILL : Mario Santini (Doubleur dans Les Goonies, Dallas, Flash, Superman, Les Simpson, Diablo, Rambo, Beetlejuice, Des hommes d’influences, Hook, Backdraft, Jurassic Park, Batman Le Défi, Cliffangher, Philadelphia, Last Action Hero, Robocop 3, Mars Attack, True Romance, Sister Act, Forrest Gump, Hannibal)
En conclusion, le premier épisode de cette série avait été minutieusement travaillé, posant efficacement ses bases et son ambiance Pulp, accompagné d’un ton très mature et d’un charme identique aux dessins animés « Superman » des Studios Fleischer dans lesquels il avait puisé son influence. Les doublages originaux et français proposaient une réelle qualité, ainsi que la composition musicale de Shirley Walker qui talonnait de près celle de Danny Elfman à l’époque. Nous vous donnons rendez-vous le Mercredi 07 Mars pour la rétrospective du second épisode de « Batman The Animated Series ».