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Desierto (2015) et le pouvoir des images sensorielles

Notre analyse du film « Desierto » de Jonàs Cuàron, le fils du réalisateur de Gravity. On analyse au sein de cet article le pouvoir des images sensorielles qui fait la force du film.

Desierto (2015) et le pouvoir des images sensorielles
Desierto (2015) et le pouvoir des images sensorielles

« Desierto » est un film dirigé par Jonàs Cuaron, le fils du célèbre réalisateur de Gravity ou encore Les fils de l’homme, Alfonso Cuaron. Avant son actuel long-métrage, il réalise le film Ano Una en 2007 puis collabore à l’écriture de Gravity en compagnie de son père. Desierto est son second long-métrage qui connaitra une plus grosse reconnaissance (Le film sera notamment projeté au festival international du film de Toronto en 2015). Desierto est un film foncièrement intéressant qui mérite reconnaissance puisque derrière le cachet relativement facile de l’intrigue, se cache une dimension sensorielle non négligeable que le film parvient à exploiter tout en se désenclavant des archétypes du genre. Le scénario devient mineur et ne se mue que dans du non-verbal pour rythmer sa narration. La réussite du film se joue essentiellement dans ces points. Sans se mouvoir dans un scénario transcendant, Desierto joue sur le pouvoir de l’image et des effets sonores comme cela a pu être fait dans « Gravity ». Il parvient aussi à toucher du doigt des thématiques importantes à souligner, pour véhiculer des critiques sur certains points qui peuvent apparaître comme sous-jacentes à l’action.

Le sensoriel permet à Desierto de densifier son impact dramatique. Comme Gravity qui s’appuyait sur le vide spatial pour utiliser ses protagonistes, Jonàs Cuaron utilise le vide du désert près de la frontière mexicaine. L’essentiel de la composition des plans du réalisateur mexicain consiste à magnifier sa scénographie en captant de gigantesques plans d’ensemble où les personnages semblent écrasés par la grandeur du décor. Par ce procédé, la difficulté de la traversée de la frontière nous est retranscrite comme réelle.

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Les multiples plans vers le ciel permettent de nous faire ressentir en plus la température étouffante des lieux (les déserts de la frontière latino-américaine atteignent souvent des températures aux alentours de cinquante degrés). La simplicité du danger qui guette nos protagonistes (Jeffrey Dean Morgan) permet aussi d’effectuer un jeu avec l’image et le spectateur. Jeffrey Dean Morgan étant ici un tireur embusqué, la menace n’est visible que de très loin. Comme un gouffre infranchissable qui sépare Américains radicaux/racistes et Mexicains, il n’est qu’un danger lointain pour les immigrés qui ne peuvent pas le percevoir de près. Cuaron crée un équilibre dans cette uniformisation de ce danger via la présence de Traqueur, son chien de chasse.

L’antagoniste principal de Desierto a donc une présence lointaine et proche à la fois, permettant de rythmer continuellement la narration. On s’aperçoit de plus que Morgan n’est quasiment jamais dans le même plan qu’un personnage sauf dans sa dernière poursuite avec le personnage principal comme pour cliver encore plus les deux ethnies. On y voit le personnage survivant et son chasseur dans le même plan, symbolique des confrontations de leurs idéologies. L’un déterminé à passer la frontière (on dénote d’ailleurs un background suffisant pour le personnage principal, justifiant son désir ardent de rejoindre le pays de l’oncle Sam), l’autre a conservé sa vision des États-Unis comme terre uniquement destinée aux Américains de pure souche. Au fur et à mesure que le film dénoue son intrigue, la menace se rapproche et les rapports de force s’inversent à l’écran. Cuaron renverse à merveille cette domination par un jeu avec l’image qui force notre immersion dans ce désert de Basse-Californie (lieu du tournage).

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C’est la bande originale du musicien français Woodkid qui intensifie cette sensorialité©. Il n’y a aucun thème récurrent hormis un fond sonore qui accompagne l’intrigue et le scénario se sert même de ces sons. Elle s’intensifie à  l’approche du chien et reste étonnamment calme le reste du temps, même pendant les tueries. La manière dont Morgan communique avec le chien se fait aussi par le biais d’ultrasons. À un moment donné, un objet du personnage principal devient même un « passage à niveau » dans l’engrenage de la narration permettant de gagner un coup d’avance sur l’antagoniste qui dominait plutôt jusqu’ici. Car c’est l’objet qui, par le son, parvient à densifier la dynamique funèbre que prennent les événements. En fin de film, lorsque les personnages sont de plus en plus proches, la musique s’intensifie jusqu’à une rupture finale du son, lorsque l’immigré mexicain désarmé renverse les rapports de forces précédemment établis.

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Desierto, en plus de jouer avec les sens du spectateur, expose ses plans sur du non-verbal. Beaucoup de messages sous-jacents sont transmis. Si le personnage de Jeffrey Dean Morgan voue une haine sans nom aux Mexicains, ces derniers sont partagés entre violence et pitié lorsqu’ils se retrouvent à leur tour en fin de film dans le rôle du bourreau. Cuaron traite les émotions sur le faciès de ses personnages, moins que par le scénario. Par le regard, un membre des forces de l’ordre américaines fait aussi comprendre au principal antagoniste au début du film qu’il n’en a rien à faire que des immigrés passent la frontière, preuve du laxisme de certaines autorités que semble vouloir durcir le gouvernement Trump.


Gaël Garcia Bernal
parvient à avoir une palette de jeu aussi riche que lorsqu’il est dirigé par Iciar Bollain. Il est insaisissable dans ses émotions. S’il semble détendu, une grosse partie du film en laissant prédominer dans sa personnalité une volonté de survivre à tout prix. Il fait parfois preuve de faiblesse, de lâcheté, d’héroïsmes, mais surtout de ténacité.

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Ainsi, Desierto est un film qui fait preuve de caractère. En trompant son spectateur par la simplicité du pitch, il parvient à se démarquer de thrillers de même acabit en jouant avec les sens et l’émotion de son spectateur.

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