Joseph Kosinski est un artisan du spectacle, un cinéaste prônant le degré immersif de ses multiples créations. Outre le splendide Tron, le cinéaste semble ici nous reproduire un Top Gun : Maverick mais sur la terre ferme. F1, passant quasiment deux ans après le Gran Turismo de Neill Blomkamp, avait tout pour rameuter le grand public en salles, entre sa posture IMAX-friendly, son sens de la démesure et sa tête d’affiche XXL, un prénommé Brad Pitt. Il y a beaucoup à applaudir dans ce F1, qui vient transformer l’essai pour s’imposer en génial blockbuster d’été en période de canicule, même s’il est loin d’être exempt de défauts.
Outre la technicité impeccable et ses fameux plans subjectifs embarqués, renforçant notre immersion avec les protagonistes, augmentant l’intensité des émotions du pilote et nous enfermant avec lui dans des scènes d’adrénaline, Kosinski sait filmer ses scènes de course et les rendre belles. On y perçoit une technicité un poil meilleure que Gran Turismo, où Blomkamp n’arrivait pas vraiment à troquer sa shaky-cam douloureuse pour une meilleure lecture des courses de voiture. Parce que ce sport est magnifique, mine de rien, avec une aura presque artistique. Kosinski use également d’artifices intéressants, en particulier une photographie particulièrement clinique (c’est-à-dire un éclairage, un cadrage et une colorimétrie qui produisent une image très nette, froide, souvent aseptisée, presque chirurgicale). Il y a une volonté d’immersion plus que celle de raconter une histoire. F1 bat GT à plate couture sur son côté visuel et technique mais perd largement la manche scénaristique.
Le premier cité parvenait héroïquement à nous distiller d’importants éléments de feel-good au travers d’un excellent personnage central. Le second se concentre sur le flegme d’un ancien pilote qui a tout à prouver, seulement sauvé par le charisme de Brad Pitt, qui n’a même pas besoin de s’employer pour faire le strict minimum. Les moments inter-courses sont parfois d’un remplissage indigeste et alourdissent violemment un rythme déjà lent (près de 2h40 de film). Les seconds rôles peinent également à tirer leur épingle du jeu et souffrent de clichés assez rébarbatifs (l’amourette que tout le monde voit venir, la jeune tête brûlée obnubilée par les caméras qui réussit à mettre de l’eau dans son vin, le manager lisse qu’il faut sauver…). On ne pouvait néanmoins pas en attendre bien plus d’Ehren Kruger, scénariste de la saga Transformers, qui introduit ses personnages au lance-pierres.
Fait extrêmement dommageable également : la musique de Hans Zimmer, qui pouvait très largement être interchangeable avec celle d’un compositeur moins connu tant elle n’est pas marquante, même si elle accompagne bien l’action. Et de la part d’un des meilleurs compositeurs de l’histoire du cinéma, on ne peut qu’être déçus.
Malgré tout, c’est divertissant, immersif et plutôt fun à suivre. Cela reste en tout cas une production à essayer de voir en IMAX, dans de bonnes dispositions.