C’est donc la fin. Après huit films et une saga s’étalant sur plus de vingt ans, Tom Cruise et Christopher McQuarrie nous livrent l’ultime tour de piste d’Ethan Hunt et ses collègues de Mission Impossible. Après un Dead Reckoning P1 bien huilé mais qui a peiné à séduire au box-office malgré ses 571 millions de dollars au box-office mondial (Près de 300 millions de budget hors frais marketing, c’est bien de le rappeler), The Final Recknoning devait nous offrir une convergence finale de toutes les missions d’Ethan Hunt vers ce gros final pétaradant. Si on peut clairement s’enthousiasmer pour ce blockbuster léché, bien construit et amplement divertissant, il souffre de quelques défauts mineurs perturbant l’appréciation du produit entier.
Là où le bât blesse de prime abord pour The Final Reckoning, c’est son côté ultra verbeux, se sentant le besoin presque compulsif de nous expliquer les enjeux de la narration, comme si on prenait le bonnet d’âne du mauvais élève sur la tête si on avait pas vu Dead Reckoning. Le scénario enchevêtre de multiples couches narratives ponctuées de différents MacGuffin pour alourdir le rythme, créer encore un supplément de “chasse aux trésors” mondiale un peu fortuit. On a l’impression que ce Mission Impossible veut créer un requiem final pour l’univers, mais en le boursouflant d’une pléiade d’inexactitudes ou d’incohérences (Le prophète et antagoniste Gabriel, assez insupportable, semble toujours avoir un coup d’avance malgré son éviction par l’entité omnipotente). On meuble parfois en racontant plutôt qu’en nous montrant, en nous bourrant les oreilles de concepts techniques et d’invraisemblances parfois plus dure à encaisser que ceux de Tenet (2020 – Christopher Nolan). Le film semble avoir le besoin de traîner en longueur, comme pour nous appuyer qu’il s’agit bel et bien du dernier de la saga.
L’autre grosse problématique : l’absence d’un panel de personnages auquel on s’attache. A part le trio Luther – Ethan – Benji, présent depuis un petit moment, Mission Impossible a toutes les plus grandes peines du monde à construire un semblant d’équipe, via des pièces rapportées anecdotiques. Il y a ce policier (Théo Degas), qui n’a aucune utilité dans la narration, qui rejoint le clan Hunt, mais personne ne sait pourquoi et cela n’est pas traité par l’histoire. Même chose pour la pauvre Pom Klementieff qui joue Paris. Gabriel a tenté de l’assassiner dans l’épisode d’avant et désormais, elle rejoint le clan juste motivée pour tuer Gabriel, avec des dialogues très pauvres : “Vivre ou mourir…” et d’autres sentences qui sont parvenus à laisser s’échapper quelques éclats de rire dans la salle. Quid également des marins chez qui Ethan trouve refuge ? Il y a ce côté presque cliché, pour une saga qui a toujours su, jusqu’à présent, dépoussiérer le monde de l’espionnage.
Il manque réellement une sève d’audace, de dramaturgie. Le film use d’un verbatim parfaitement calibré pour nous appuyer que tout à une fin, que toutes les actions de Hunt ont conduit à cet instant, mais tout semble parfaitement se superposer avec une simplicité remarquable que le constat est assez vexant : Ce Final Reckoning semble être une mission comme tant d’autres, et les connexions avec les autres opus de la saga apparaissent réellement capillotractées. L’espion semble sortir de ses traquenards avec beaucoup – trop – de facilité (cette fameuse scène où il remonte des abysses dans l’eau glaciale). Pression de l’eau ? Non. Eau glaciale qui le tue rapidement ? Non plus. Noyade ? Très peu pour Ethan. Ethan est Robocop.
Il y a un côté grand guignol, assez symptomatique de la franchise, qui prête à sourire mais peut agacer parfois. Mais ce qui est fou, c’est que malgré cette monticule de défauts, ce Mission Impossible est un divertissement sacrément plaisant, bourré de cascades et de scènes iconiques (Cette silencieuse scène dans le Sébastopol), l’ouverture avec la perte d’un personnage clef et ce final sans doute trop exagéré qui réussit son côté en termes d’action pure. Sans trop forcer (Il y avait mille moyens de faire bien mieux, Fallout et Rogue Nation l’ont prouvé), The Final Reckoning s’impose comme une conclusion convenable à défaut d’être révolutionnaire, mais surtout comme le meilleur blockbuster de l’année, en attendant d’autres grosses pointures vouées à sortir prochainement.
“Mission Impossible : The Final Reckoning”, réalisé par Christopher McQuarrie, marque une nouvelle étape explosive dans la saga menée tambour battant par Tom Cruise. Entouré de Rebecca Ferguson, Simon Pegg, Ving Rhames et Hayley Atwell, l’acteur repousse une fois de plus les limites du possible dans ce volet haletant, en salle depuis le 21 Mai 2025.