L’histoire de Souleymane : Retour sur la sensation de Cannes 2024

MathieuCritiques2 days ago126 vues

L’histoire de Souleymane de Boris Lojkine, c’est le film qui a fait sensation en 2024. Réputé pour avoir “ému” le Festival de Cannes de l’année dernière, le long-métrage – presque – docu-fiction sur la vie d’un sans-papiers livreur Deliveroo a également fait une petite razzia sur la cérémonie des Césars en 2025 en donnant des prix pour le comédien Abou Sangaré, le meilleur scénario original et aussi Nina Meurisse, qui apparaît approximativement 20 minutes dans le film. L’histoire de Souleymane, c’est également 600.000 entrées en France pour un modeste budget de production d’1.2 millions d’euros. Un gros succès donc, que nous avons rattrapé assez tardivement.

Ce film de Boris Lojkine fait littéralement partie des trucs un peu complexes à critiquer ou à donner un avis. En effet, ça part d’un postulat de base qu’on ne peut qu’applaudir : celui de donner de la visibilité à des migrants sans-papiers, déterminés à vivre en France et qui n’aspirent qu’à s’acclimater et respecter notre société, là où les médias nous abondent du versant malfamé de ces gens, à savoir les OQTF, les fauteurs de troubles et tutti quanti. Un scénario très bien écrit, aux petits oignons, qui parvient à donner de la densité à son personnage principal joué par un très juste et excellent Abou Sangaré. L’audition de sa personne par l’OFPRA est d’ailleurs la plus réussie du film. Parce qu’ensuite, c’est cinématographiquement que cela pêche un peu.

Sinon ça reste très intelligent d’un point de vue scénaristique. On ne tombe pas dans des clichés minimalistes mais on essaie de bien de montrer que les choses ne sont pas soit toutes blanches, soit toutes noires (Les policiers ne sont pas des vilains chasseurs de sans-papiers, juste des relous qui finissent par laisser tranquille le pauvre livreur. Le malpoli qui ne veut pas descendre rejoindre le livreur est en fait un vieux monsieur seul – et Souleymane a également de l’humanité en retour).

Le rythme est lourd, peu entraînant, parfois redondant. On sent la volonté du cinéaste de cumuler les points de vue et offrir un vrai regard sur la pluralité de la société qui commande des plats sur Uber Eats et Deliveroo. Ce n’est néanmoins pas suffisant. Le tout manque un peu de panache et même d’un vrai côté cinématographique. Manque de pot, c’est exactement l’effet inverse qui est recherché par l’histoire de Souleymane : Être empreint d’un réalisme profond. Sauf qu’on ne comprend pas l’intérêt du film, là où le documentaire aurait pu avoir sa place. Pourquoi la fiction si ce n’est pas pour apporter une plus value ? Au final, on a affaire à un beau film assez touchant, mais qui manque clairement d’audace.

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