C’est un doux euphémisme de dire que ce Fantastic Four : First Steps était attendu par les aficionados du MCU, surtout après l’errance artistique des phases 4 et 5 du studio, que ce soit dans les séries Disney+ ou au cinéma. Même Kevin Feige l’a reconnu : il y a eu beaucoup trop de productions, et pas toujours de qualité. L’objectif est désormais de revenir à l’essence même de ce qui faisait la singularité des productions super-héroïques du studio : laisser davantage de liberté aux créateurs ayant de vraies idées, même s’il existe un cahier des charges à respecter. En ce sens, après un Captain America : Brave New World très décevant, Jake Schreier nous avait livré un Thunderbolts intéressant, porté par un sous-texte sur la santé mentale. Tous les regards étaient donc tournés vers le talentueux Matt Shakman, créateur de WandaVision, à ce jour la meilleure série du MCU avec Loki.
Ce qui est immédiatement savoureux, c’est de constater à quel point l’ADN de ce Fantastic Four est joyeux. C’est coloré, frais, dynamique, attachant, et on a envie de s’y engager dès les premières minutes. On évite l’écueil de l’origin story que tout le monde connaît déjà : la situation initiale des quatre héros est rapidement expédiée dans un flash-back efficace, sublimé par la formidable bande-son de Michael Giacchino. On entre dans le vif du sujet sans détours superflus. Il est également réjouissant de voir Matt Shakman prendre le temps de développer une véritable écriture de personnages : un rôle féminin fort, politique et taillé sur mesure pour Vanessa Kirby en Sue Storm, ou encore un Johnny Storm en perpétuelle dualité, entre gros beauf blagueur et tonton protecteur, ce qui le rend particulièrement attachant. En revanche, Ben Grimm et Reed Richards apparaissent plus effacés, candides, et manquent de personnalité. Dommage qu’ils ne bénéficient pas du même soin scénaristique.
Dans son ouverture et sa première moitié, Fantastic Four : First Steps foisonne d’idées créatives : le design old-school de l’univers, les scènes de poursuite avec la Surfeuse d’Argent, les dynamiques entre les personnages… C’est indéniablement rafraîchissant et sans prise de tête. Les effets spéciaux sont également tout à fait honorables. On croit même à la dramaturgie mise en place. Hélas, la seconde moitié retombe dans une routine bien trop convenue, contrainte par les exigences du studio. Et pourtant, pour la première fois depuis longtemps chez Marvel, ce film instaure une véritable relation entre ses protagonistes et l’opinion publique, ce qui enrichit les enjeux. Malheureusement, cette piste prometteuse est vite désamorcée par un petit discours galvanisant de Susan Storm.
Enfin, là où Marvel aurait pu nous surprendre en tissant un lien fort entre ce film et le final de Thunderbolts, le studio opte pour son schéma narratif habituel, ce qui laisse un goût amer, notamment dans le traitement du méchant emblématique Galactus. Et que dire de la scène post-générique ? Terriblement prévisible et sans la moindre prise de risque. On attendait mieux, surtout avec Doomsday prévu dans un peu plus d’un an.
Malgré tout, ce F4ntastique s’inscrit clairement dans le haut du panier des productions Marvel : un retour aux sources, empreint de bonhommie, de couleurs et d’actes de bravoure. Tout ce que l’on demande, au fond, d’un bon film de super-héros.