Signature de Mike Flanagan, spécialiste des adaptations de Stephen King, La vie de Chuck est une nouvelle itération de l’imaginaire du fantasque écrivain Américain, dont on ne cesse de voir ses créations se bousculer sur le grand et le petit écran. Ici, on raconte en trois actes la vie de Charles “Chuck” Krantz, un comptable on ne peut plus lambda, qui se retrouve être au cœur d’une fin du monde. Il est bon de rester évasif sur le contenu de l’histoire pour vous laisser une surprise de taille au visionnage. De façon volontaire, semble-t-il, les différents trailers vendent un feel-good movie poétique, c’est plus que cela la Vie de Chuck.
C’est volontairement pessimiste, on retrouve également la noirceur du cinéma de Mike Flanagan. Le long-métrage regorge d’une densité folle, de multiples références fantastico-littéraires qui mériteraient d’être détaillées dans une analyse bien plus vaste. Il y a un vrai sens de la majesté dramaturgique. Dans le premier axe, la fin du monde est représenté de manière fidèle avec une scène finale d’une beauté époustouflante, impliquant les excellents Chiwetel Eijofor et Karen Gillan. Au travers de cette fin du monde, Flanagan traite de la relation entre les individus, l’être humain est forcé de se rapprocher, de renouer, de comprendre que face à ce destin abrupt il faut vivre la fin des temps entourés de ceux qu’on aime.
L’apparition presque “paranormale” de Chuck suscite des interrogations, ces “merci” à répétition nous confirme l’intérêt de ce découpage en trois actes à l’envers : On nous met sur la piste d’un grand homme, qui s’éteint en même temps que la planète. Spoilers : c’est plus compliqué que cela.
Les deux derniers pans de l’oeuvre se concentrent sur la vie de Charles Krantz, sa galaxie familiale et son histoire compliquée. Mais la clef de lecture de Life of Chuck réside en sa somptueuse partie centrale. Une danse endiablée de Chuck (Tom Hiddleston) qui trouvera son écho dans une troisième partie révélatrice. Troisième partie, en revanche qui aurait mérité un peu plus de temps pour étoffer les différents souches culturelles que met en exergue la proposition : Entre les poèmes de Dylan Thomas, le personnage attachant du grand-père qui ne peut s’empêcher de distiller un dommageable “laisse tomber la culture, c’est mieux les maths” et le mystère de la porte secrète, il y avait moyen de renforcer le message, on ne peut plus limpide : Vivre intensément, qu’il nous reste, cinq, dix, vingt ans… ou six mois.
Il y a cependant une belle maxime, distillée dans une scène suspendue avec la maîtresse de Chuck, jouée par Kate Spiegel : “Tu bâtiras des villes, des pays, des continents entiers. Et tu les peupleras d’êtres et de visages, réels ou nés de ton imagination. Tu comprends ? Ne t’arrête pas là. Insuffle leur la vie avec chaque personne que tu croises, chaque âme que tu connais, chaque silhouette que tu inventes, même juste un instant. Ce sera un univers. Un univers entier, niché entre mes mains.” Life of Chuck ne prend pas du tout son spectateur par la main, il lance de nombreuses références, invoque de nombreux concepts sur la vie qu’il faut savoir capter. Un film sur la fureur de vivre… Et un premier grand OFNI d’une moribonde année 2025.