Véritable ode aux films de blaxploitation des 70’s, Netflix réussit un nouveau tour de force avec ce Luke Cage.
STREET OF CAGE !
Bien plus qu’une série à propos d’un superhéros, Luke Cage se pose clairement comme un hommage vibrant à la communauté afro-américaine, autant fictionnelle que réelle. Fourmillant de références de toutes sortes, la série peut sembler hermétique aux non-initiés et refroidir ceux qui cherchent de la démolition tous azimuts et des effets spéciaux de folie. Puisant son inspiration de la Blaxploitation, phénomène cinématographique des 70’s mettant en scène exclusivement la communauté noire américaine, la série respecte le matériau d’origine en parvenant à l’inclure dans un Harlem contemporain.
DEMOLITION MAN!
Doté d’une force surhumaine et d’une peau à l’épreuve des balles, Cage apparait comme un véritable bulldozer. Cependant, ses capacités de démolition sont tempérées par un caractère plutôt placide et enclin au dialogue face à l’usage de la force brute. Homme juste, il fait parler ses poings quand la situation ne connait aucune autre alternative.
On pourrait reprocher à la série d’être un peu avare en scènes d’actions et de manifestations des pouvoirs de Cage, qui par conséquent ôtent l’aspect superhéros du personnage en mettant cela au second plan. Néanmoins, les phases d’action sont bonnes, malgré un visuel un peu fade lors des bastons à mains nues, exception faite du combat final qui est un véritable combat de boss!
MACHO MAN !
Bien que personnage central de la série, Luke Cage (Mike Colter)est loin d’être le héros solitaire qu’il voudrait être. Épaulé par Claire Temple (Rosario Dawson) déjà présente dans Daredevil et Jessica Jones, qui ici joue un rôle de premier plan, Cage lutte contre Cottonmouth (Mahershala Ali) et sa horde de thugs parallèlement à Misty Knight (Simone Missick). Cette dernière est l’un des personnages les mieux adaptés du comics de base, inspecteur de police tenace et en quête de justice.
De plus, notre héros peut compter sur l’appui indéfectible de son entourage proche qui croit en ses capacités plus qu’il ne le fait lui-même, à commencer par POP (Franckie Faison) le « tonton » de Harlem. Véritable superman de quartier, Cage représente l’espoir que recherche les habitants de Harlem.
TROUBLE MAN !
Les ennemis de Cage sont puissants et fidèles à leurs homologues de comics, avec une mention spéciale à Cottonmouth, auquel les créateurs de la série ont apporté une dimension humaine qui le rend aussi attachant que détestable. Diamondback incarné par Erik Laray Harvey est parfait dans le type gangster à tendance psychopathe. Mariah Dillard interprétée par l’excellente Alfre Woodard donne réellement des envies de meurtre. Le seul point faible serait le personnage de Shades joué par Théo Rossi, qui semble grandement sous-exploité.
SOUL MAN !
Harlem, sa musique, son atmosphère, ses habitants, tout semble familier et ce n’est pas sans raison. L’intégralité de la série pourrait ressembler à un énorme SPIKE LEE JOINT tant les références au travail du réalisateur se font sentir à l’écran. L’esthétique sonore et visuelle est construite sur un exercice de style mémoriel, faisant constamment surgir des souvenirs qui ancrent le show dans la réalité.
De plus, des guests stars musicales de folie viennent renforcer ce sentiment de réalisme tout en conservant ce brassage des époques allant du old school au rap hardcore en passant par le motown. On ne peut que prendre plaisir à entendre un flow de METHOD MAN concernant Luke Cage! Même les Delfonics, groupe mythique des 70’s, y font une apparition. L’ensemble musical fleure le soul et le funk. Et que dire du générique, qui est juste magnifique au même titre que le générique de DAREDEVIL.
POWER MAN ?
Il serait difficile de résumer les références qui construisent l’univers du Luke Cage de Netflix tant elles sont nombreuses! Et c’est là tout le problème, en enfermant son personnage dans ces références, les créateurs du show l’ont rendu hermétique à quiconque ne les possède pas.
De plus, l’aspect communautaire de l’histoire dans son ensemble ajoute encore une difficulté pour qui ne possède pas les clés de cet univers qui ne semble s’adresser qu’aux vrais connaisseurs et mettra sur la touche le profane qui pensait trouver ici une simple histoire de superhéros.
Un vrai régal pour les amateurs de films de SPIKE LEE, JOHN SINGLETON et de l’ensemble de la Blaxploitation. Ce SHAFT sauce MARVEL, rebutera cependant ceux qui venaient chercher de l’action à outrance et des effets spéciaux façon AVENGERS! NETFLIX nous donne un LUKE CAGE sobre et mature.
Bien loin des héros en collants combattants des menaces intergalactiques, CAGE est face aux problèmes de l’homme de la rue. L’idéal aurait été qu’il voit au-delà de son quartier et de sa communauté. Ce CAGE n’en demeure pas moins brillant par de nombreux aspects, tant narratifs que visuels, et se place parfaitement dans le cadre des DEFENDERS construit par NETFLIX. Une réussite.