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Minecraft le film : Ça creuse profond, mais dans la médiocrité

Minecraft © Warner Bros
Minecraft © Warner Bros

Énième adaptation de jeu vidéo, bienvenue dans l’ère où tout ce qui peut être pixellisé finit fatalement par être l’objet d’un film. Avant l’apocalypse cinématographique que sera sûrement Fortnite : Le Film, c’était écrit d’avance que Minecraft, le jeu culte de Mojang lancé en 2009, subirait ce traitement hollywoodien. Minecraft, véritable hymne à la créativité, invitait les joueurs à laisser libre cours à leur imagination, à construire des répliques hallucinantes de Poudlard, de Minas Tirith ou même des burgers géants flottants (pourquoi pas ?). Malheureusement, Hollywood et son bulldozer créatif sont passés par là.

La simple vision de la bande-annonce du film signé Jared Hess suffisait déjà à faire couler des torrents d’effroi chez les vrais amateurs du jeu. Et ce n’était pas totalement infondé : beaucoup prophétisaient déjà un désastre comparable aux reboots bancals de Jumanji, avec ses acteurs paumés coincés dans un univers pixelisé, ponctué de blagues grasses pour un public supposément infantilisé. Pourtant, personne n’aurait parié un lingot d’or que le film devienne aussi rapidement un carton XXL. Avec un démarrage à 110 millions de dollars en seulement deux jours d’exploitation, Warner Bros s’assure ainsi de pouvoir aligner les suites à volonté, ou devrions-nous dire, à la chaîne.

Le regard d’un spectateur lambda © Minecraft – Warner Bros.

Et c’est précisément là qu’est le drame. « Minecraft : Le Film » n’est pas une simple adaptation paresseuse, c’est un gloubi-boulga insipide d’idées creuses et de concepts marketing balancés à notre visage avec la délicatesse d’un Creeper explosant une serre à cactus. Dès l’ouverture, on nous sert une introduction expédiée à coup de clichés fatigués : le jeune collégien mis à l’écart parce qu’il est « trop créatif » (quelle audace scénaristique !). On ne fait que survoler à toute vitesse des péripéties aussi inspirées que notre rédaction ces derniers mois sur le webzine.

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Ce qui se veut être une intrigue haletante se résume à un triste MacGuffin, avec une vilaine sorcière cherchant un artefact magique que les gentils héros doivent récupérer pour rentrer chez eux. C’est original comme scénario ? À peu près autant qu’un reportage de TF1 sur la neige en hiver. Pire, chaque référence au jeu doit absolument être sur-explicitée par une voix-off crispante, clairement convaincue que les spectateurs dépassant les huit ans ou ayant touché une souris d’ordinateur au moins une fois seront perdus. Ainsi, même la micro-apparition d’un bébé zombie chevauchant un poulet provoque dans les salles obscures des hourras disproportionnés. Est-ce le symptôme que cela provient d’une détresse cinématographique abyssale ?

Tout s’enchaîne sans nuance ni logique. On poursuit les héros ? Hop, apparition inexpliquée d’une ferme de Creepers (« À quoi ça sert ? » « À rien, mais c’est cool ! »). C’est parti pour la wingsuit, puis le briquet en silex… Pourquoi ? « Parce que ça existe dans le jeu ! » Ce n’est plus Minecraft, c’est Adibou en excursion scolaire à Cubeland. Une telle avalanche de médiocrité que l’on se surprend à regretter amèrement nos critiques envers Dwayne Johnson et Jumanji ou même l’insoutenable Monde Secret des Emojis. Oui, ce film réussit l’exploit improbable de réhabiliter ces productions.

Le casting ? Il fait ce qu’il peut avec ce qu’il a, c’est-à-dire pas grand-chose. Jack Black surnage légèrement grâce à son excentricité habituelle, même s’il finit réduit à une fonction explicative digne d’un tutoriel YouTube de 2010. Quant à Jason Momoa, sa prestation de nerd non-binaire censé être un mentor éclairé laisse songeur.

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Non, la cible jeunesse ne peut décemment excuser ce vide créatif abyssal. « Minecraft : Le Film » est une preuve douloureuse de plus qu’en 2025, les studios préfèrent largement vendre des peluches hideuses et booster les ventes de jeux plutôt que respecter l’essence d’une œuvre originale. Tout semble avoir été assemblé par un ChatGPT fatigué sous les ordres d’une troupe de producteurs uniquement intéressés par les retours en dollars. Fans authentiques du jeu, faites-vous plaisir : rallumez votre PC, retournez bâtir des Tomorrowland, des royaumes Zelda ou des univers dignes d’un rêve. Vous méritez mieux que ce spectacle indigent à peine divertissant. Le vrai Minecraft, c’est vous.

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