Fin Janvier 2024. Le mois ciné a à peine commencé lorsque Jean-Jacques, amateur de ciné, voit la Zone d’Intérêt de Jonathan Glazer. “Eh Henri, c’est sûr on va s’ennuyer, c’est un truc calibré pour les récompenses aux Oscars ce truc”. Jean-Jacques avait le nez creux. Au début du film, le noir absolu. Rien à l’image. Si bien que J.J s’est tâté d’aller voir le projectionniste. Mais le son, lui, est bien présent. Petit-à-petit, La Zone d’intérêt plonge ces deux spectateurs dans un difficile spectacle mais rudement bien pensé. Qu’elle est mignonne cette petite famille Allemande malgré l’infâme SS qui leur sert de père. Mais les deux copains sont plongés dans un mal-être persistant… Cette jolie famille en apparence normale vit sa petite vie avec des sons affreux en arrière-plan : incinérations, cris, hurlements et tirs de fusils jalonnent le long-métrage. J.J est estomaqué : C’est l’un de ses premiers films de 2024 et il est presque sûr qu’il sera dans son top 10.
Ses autres pépites font la part belle au Cinéma Français : Paternel de Ronan Tronchot avec un Grégory Gadebois qui crève l’écran, le difficile mais non pas moins magnifique film sur l’école Amal : Un Esprit Libre, sorte de “Pas de Vagues” mieux écrit, moins pompeux et moins classique. J.J et Henri ont apprécié la divine performance de Lubna Azabal, qu’ils perçoivent comme l’une des meilleures performances cinéma de l’année. Mais il y a eu d’autres drames qui ont su marquer les deux copains, “Le Roman de Jim” des Frères Larrieu, une belle histoire de famille recomposée pas très banale avec un excellent Karim Leklou. J.J ne regrette pas son déplacement, porté par la divine réussite que fut “Vincent Doit Mourir” l’année dernière. La Vallée des Fous de Xavier Beauvois a également marqué le duo. Peu fans du Vendée Globe voire même complètement désintéressés de la compétition, ils ont été marqué par l’histoire presque Shakespearienne du père de famille joué par Jean-Paul Rouve.
“On a quand même eu du très bon cette année Henri. C’était même un meilleur cru que 2023. Il y a des tas d’autres films que nous n’avons même pas parlé et qui auraient pu figurer parmi les meilleurs”.
“Oui, Jean-José. L’Amour Ouf. Même Furiosa. Malgré son évidente infériorité à Fury Road, la faute à une construction qui singe trop le passable 3000 ans à t’attendre, c’était très bien”.
Et oui ça y’est, après une phrase trop complexe, Henri vient de se filer un magnifique mal de crâne. Mais il se rappela que c’était ça la grande force du cinéma, continuer de les cultiver, même s’ils n’avaient pas vu des vieux classiques que tout le monde adulent comme 2001 : L’odyssée de l’espace. Au moins ils pourront se targuer d’avoir vu La Zone d’Intérêt quand on en reparlera dans quelques années. Avant d’aborder leur top 5 commun, ils se firent une réflexion : “On a quand même pas encore vu Anora, Il reste encore demain, les Graines du Figuier Sauvage, Sons, Dune, Les Chambres Rouges ou Iron Claw”. “Ouais m’enfin on a détesté Emilia Pérez et Pauvres Créatures, qui nous dit que c’était pas des trucs du même style ?”.
Autour d’un café, Jean-Jacques et Henri se rappelèrent de ce qu’ils ont apprécié parmi leurs cinq films favoris de l’année : “Un peu d’audace, de la sincérité, du beau, du touchant et de l’animation, beaucoup d’animation”. Déjà, leur numéro 5 est pas hyper original : Le Comte de Monte-Cristo. 9.6 millions de spectateurs, une critique dithyrambique. “Mais qu’est-ce que ce film est génial Henri ! Les costumes, l’écriture, les décors, les performances d’acteurs, tout est royal. Pierre Niney a largement livré la meilleure performance d’acteur masculin en 2024. Alifax, le Comte, Edmond Dantès, une pluralité de personnages pour un unique talent. On retient aussi de jolis phrases, une musique qui marque également. Quelle belle réussite.”
“Les trois films suivants, Jean-Jacques, nous ont remué notre cœur d’enfant. Blue et Compagnie déjà. Alors objectivement ça n’est pas le meilleur film de l’année, mais c’est mignon, touchant, émouvant. C’est rempli de bonnes vibes et de scènes magiques. Le genre de petite comédie feel-good qui vient juste titiller l’enfant en chacun de nous.”
“Oui, et par contre le Royaume des Abysses, de Tián Xiǎo-Péng est un saisissant film d’animation… Pas vraiment pour les enfants. Les thèmes sont tellement adultes et traités avec une belle finesse artistique… c’est réussi comme souvent le cinéma d’animation la Chine, la Corée et le Japon nous en fournit”.
“Et que dire du Robot Sauvage ! Là où Disney nous a sorti difficilement les suites sans idées de Vaiana et Vice-Versa, Dreamworks a pris son temps et nous a offert l’un des plus beaux films d’animation et d’aventure depuis bien des années. C’est magnifique, un design qui marche depuis le Chat Potté et c’est surtout brise-cœur. C’est tellement mignon, rempli de vie et la bande originale nous aura marqué à jamais”.
“Mais alors, que dire du premier ?”
“Rien… Mis à part que c’est un peu notre histoire, vu que nous sommes … Frères”.
En une phrase : Deux performances d’acteurs incroyables, une histoire vraie touchante et émouvante, une réussite.
C’est la fin de l’histoire commune d’Henri et Jean-Jacques. Quid des mauvais films, faut-il vraiment parler de ce que nous avons détesté cette année ? Faisons le en quelques mots. Mais ça ne vous aura pas échappé, on a trouvé Vice-Versa 2 et Vaiana 2 un poil décevant par rapport à leurs premiers opus. Civil War, que nous attendions beaucoup, est aussi une déception selon notre point de vue malgré une poignée de scènes marquantes. The Fall Guy est un divertissement bête et pas drôle. Ensuite, l’OFNI Megalopolis nous a fait tomber de notre siège d’ennui face à tant de coups d’épées artistiques dans l’eau (malgré de bonnes idées). La Plateforme 2, suite non-essentielle du premier du même nom sur Netflix, aura été jugé pompeux, inintéressant et superflu, comme Pauvres Créatures ou Emilia Pérez. SOS Fantômes : La Menace de Glace nous aura fait hurler. En tant que grands fans de Ghostbusters, ce nouvel opus est, pour nous, un pet glacé sur une toile de chez Action. S’il faut finir avec les trois plus grosses bouses de l’année : Abigail de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, et deux magnifiques oeuvres estampillées Sony : Kraven le Chasseur de JC Chandor et Madame Web de C.J Clarkson (et non, nous n’avons pas vu Venom : The Last Dance).