C’est un petit nom du cinéma de SF et pourtant, il s’est installé durablement dans le paysage cinématographique mondial : Neill Blomkamp, réalisateur Sud-Africain de 43 ans, s’est fait connaître grâce à l’extraordinaire District 9 (2009) qui lui a ouvert les portes d’Hollywood. Un succès qu’il n’a pas su transformer puisque ses grosses productions suivantes, Elysium (2013) et Chappie (2015) ont été mésestimées et jugées à mille lieu du premier cité qui avait révolutionné le monde de la science-fiction au cinéma. S’en est alors suivi une longue traversée du désert pour celui qui est considéré, à juste titre, comme l’un des cinéastes les plus talentueux de sa génération.
Initialement attaché aux grosses productions Alien ( – abandonné au profit du Covenant de Ridley Scott) puis RoboCop ( – abandonné par Blomkamp pour se concentrer sur ses propres projets), le cinéaste s’est concentré sur Oast Studios, sa boîte de productions, et a lancé plusieurs courts-métrages de genre salués par la critique, ainsi qu’un long-métrage sorti pendant la pandémie de covid-19. Il y aura eu Rakka, Firebase, Zygote puis Demonic. Mais c’est avec ce Gran Turismo, inspiré des jeux vidéos et de la vie de Jann Mardenborough, que Blomkamp revient sur le devant de la scène.
Le film s’inspire d’une histoire vraie racontant l’histoire de ce jeune Britannique ayant réussi à intégrer la Gran Turismo Academy à la suite de performances notables sur le jeu du même nom. Le novice va dès lors devenir un vrai pilote de course. Un projet diligenté par Playstation et Sony et en apparence sacrément casse-gueule pour un Blomkamp qui cherche un retour salvateur. Et contre toute attente, Gran Turismo en est bien un.
Elle pouvait laisser circonspect, mais la patte Neill Blomkamp est bien là. Du format, à l’esthétisme mécanique et rouillée en passant par la shaky-cam dense et palpable, le cinéaste adapte en continu les prises de vue à son angle d’approche. On veut densifier les émotions, propulser le spectateur au plus proche de l’action et c’est une chose qui est réussie. La maîtrise technique cache bien les quelques facilités de l’intrigue : construire une histoire feel-good autour d’un personnage, avec quelques aléas mais surtout une réussite finale.
Nerveuses bien qu’un peu courtes, les scènes de courses étonnent par leur dynamisme ronflant et l’alternance pression-action-émotion qui nous transforment en participants directs de l’aventure qui se déroule sous nos yeux. Le trio Archie Madekwe, David Harbour et Orlando Bloom se détache par son omniprésence et sa maîtrise des émotions. On obtient avec ce film un savant mélange de plusieurs genres, une histoire feel-good d’un jeune homme lambda qui s’accroche à ses rêves pour montrer la dimension du tout possible lorsqu’on y croit. Un film souvent juste, qui ne laissera pas une marque indélébile dans le monde du cinéma mais qui décroche sa mission haut la main : Emporter le spectateur dans l’action, et le faire ressortir avec le sourire.
Gran Turismo est en salles de cinéma Françaises depuis le 9 Août 2023.