Tout droit sortie de la lignée de quelques films tels que La Nuée de Just Philippot ou le Titane de Julia Ducournau, des moyens sont mis en œuvre pour créer des oeuvres Fantastiques Françaises, loin des canevas comique et tragiques de nos productions traditionnelles. Cinq ans après le très réussi « Dans la Brume » signé Daniel Roby, le talentueux Guillaume Nicloux nous offre « La Tour« . Long-métrage horrifique, la production Wild Bunch raconte l’histoire des habitants d’un immeuble HLM qui se retrouvent bloqués à l’intérieur en raison d’un brouillard opaque noir qui empêche tout contact avec l’extérieur. Les habitants s’organisent alors pour survivre mais différents clans se créent et le chaos va petit à petit s’installer.
Guillaume Nicloux nous propose un film dans la lignée du Mother ! de Darren Aronofsky, une production singulière et horrifique qui ne va pas nous lâcher du début à la fin en raison de son ambiance anxiogène. Le film commence sans temps mort : Un unique plan sur les extérieurs de la Tour, une ellipse d’une nuit puis la menace arrive. S’ensuit alors une première demi-heure paniquée, bien rythmée, avec une excellente partition de l’image et une cruauté qui commence doucement à se mettre en place. L’extrême violence de l’image annonce de facto la couleur : En montrant frontalement la mort d’un enfant, Guillaume Nicloux ne chausse pas de gants : La Tour sera un pamphlet dur et pessimiste sur l’être humain. Obligé de se calfeutrer derrière le communautarisme et le sectarisme, l’homme est un loup pour les autres et on attend, impuissants, que ça pète entre eux.
S’il y a une poignée de scènes cruelles et sanglantes, Nicloux ne pousse pas non plus le curseur à son paroxysme. Une vraie scène de massacre est par ailleurs sous-entendue car évoquée, obligeant la mobilisation de plusieurs personnages, avant d’être étonnamment passée sous silence. En tout cas, le message central de La Tour se situe ici : Il s’agit de montrer les dérives de l’espèce humaine lorsque celle-ci est confrontée à sa propre survie.

La dérive est graduelle, progressive et nous étreint de plus en plus dans un spirale malsaine d’infamies : On mange les animaux domestiques, on s’exécute pour des broutilles, on réduit la femme à un état d’objet sexuel, on reste avec sa communauté et on mange même les bébés (suggéré en hors-champ). La dérive est totale : Dans un état de survie, l’homme est prêt à tout. Seul bémol à tout ce qui nous est présenté : On est tellement sur l’envergure humaine du récit que la dimension Fantastique est laissée de côté. On ne sait pas d’où vient ce brouillard opaque, on ne sait pas ce qui se passe à l’extérieur et on ne bénéficie d’aucun élément de réponse à ce sujet. Pour l’atmosphère du récit c’est très bien, pour donner du grain à moudre en terme de scénario au spectateur un peu plus lambda c’est tout de suite moins efficace.
Reste ensuite les performance d’acteurs qui sonnent comme assez faiblardes. Certains semblent plus confirmés que d’autres et ça se ressent à l’image. Quelques dialogues peuvent aussi paraître un peu téléphonés.
Malgré quelques faiblesses apparentes, La Tour demeure un efficace thriller horrifique anxiogène où la tension palpable vous fera passer un vilain moment tout droit dans la lignée de Mother ! ou du Climax de Gaspard Noé. Une production Fantastique essentielle pour diversifier notre paysage cinématographique Français.