Suivre un personnage dans des univers alternatifs fantastiques est un trope courant pour les films d’animation, de Monstres et Cie, Coco à Soul et Vice-Versa. Chacun de ces films a reçu un bel accueil, on constatera rapidement que Skydance Animation a pu s’inspirer de ce catalogue de films Disney pour son nouveau produit : Luck. Premier film d’un accord entre Skydance et Apple TV+, Luck semble bien familier, pourtant il dépeint un monde unique et charmant que Sam Greenfield, le personnage principal, peut explorer. Si Luck ne comporte pas d’innombrables moments de franche rigolade, le film réussi parfaitement l’alchimie charmant et fantaisiste rapidement sublimé par des images et des couleurs de hautes volées.
Luck suit le parcours de Sam (Eva Noblezada), une jeune fille qui a quitté le système d’accueil à un âge avancé, abandonnée à elle-même pour vivre sa vie avec pour seule compagne la malchance. Tous les problèmes imaginables se produisent lorsqu’il s’agit de Sam, maladresse au travail, se retrouve enfermée dans sa salle de bain aucune malchance anecdotique n’épargne la jeune fille. Lorsque Sam croise un soir un mystérieux chat noir, tout change. Elle trouve une pièce porte-bonheur qui lui donne la chance d’avoir une vie bénie par la chance, jusqu’à ce qu’elle la fasse tomber dans les W.C. Lorsque Sam découvre que le chat noir s’appelle en fait Bob (Simon Pegg), elle le suit dans son monde, La Terre de Chance, un endroit mystérieux peuplé de lutins, de licornes, de dragons et d’autres créatures mystiques.
La Terre de Chance (et ses complexités bureaucratiques aux tons humoristiques) est un décor digne d’intérêt tout au long du long-métrage dont le scénario explore parcelle après parcelle à mesure ou l’aventure de Sam se poursuit de manière linéaire, comme une quête. Un détour par le sous-sol, où la malchance règne, donne lieu à une séquence à la fois excitante et drôle. Il est à noté que le film n’est pas « drôle » à l’excès, notamment car il repose essentiellement sur des scènes de comédie burlesque qui feront rire les jeunes spectateurs, mais qui pourrait laisser certains spectateurs plus âgés sur leur faim. Malgré tout, pour ce qu’il est, un film familial, aucun doute que chaque foyer y trouvera son compte.
Si tout film d’animation par ordinateur est susceptible d’être comparé à Pixar, Luck le sera certainement. La formule est apparente dès les premières minutes du film (et un flashback déchirant, comme on pouvait s’y attendre), mais le film n’essaie pas de cacher son indulgence. C’est une formule qui fonctionne et, à une époque où la nostalgie du cinéma est à son comble, elle devient presque un réconfort dans sa familiarité. À l’inverse, les motifs très stylisés irlandais de Luck font du film, à certains égards, une sortie que l’on aurait pu retrouver habituellement autour de la Saint Patrick (le saint patron de l’Irlande, très célébrée outre-Atlantique). Cette impression (car c’est là qu’une impression) apportent une touche personnelle à la fois charmante et attachante. Tout ça s’estompe au fur et à mesure que le conflit s’intensifie pour laisser place à une conclusion inévitable, qui met un point final à l’histoire sans affubler cette fin de complexité quelconque et dispensable.
Luck est une réussite pour la première de Skydance Animation et Applve TV+ qui ont parfaitement su reproduire les contenus classiques et appréciés des formats familiaux, un défi en soit, tant les productions animées des plateformes de streaming sortent en cascade, la rareté qui faisait leur qualité s’est estompée avec les années. Luck a donc relevé tous ces défis et offre une heure quarante cinq de fraicheur et de bon moment à passer avec les petits (et plus petits), car oui, Luck convient aux jeunes enfants sans problème.