Rarement un film n’avait fait couler autant d’encre depuis des lustres. « Nicky Larson et le parfum de Cupidon » est un film qui a divisé, qui a fait paniquer les fans du manga et du dessin animé. Tous prédisaient le désastre, le massacre atomique et le non-respect intersidéral du matériau de base. Si j’emploie autant de superlatifs, c’est aussi pour critiquer la trop grande véhémence avec laquelle ce film fut descendu, avant même sa sortie en salles de cinéma.
Je précise un fait important : Je ne suis pas un aficionado de Nicky Larson, je ne peux donc juger le film que pour ce qu’il est, et donc ne pas avoir d’avis tranché sur l’adaptation qui en a été fait.
Nicky Larson n’est pas un mauvais film, mais il est loin d’en être un bon aussi. La mayonnaise prend rapidement, certains pans esthétiques du long-métrage parviennent à être bien travaillés pour offrir une vraie envergure « thriller Américain » au film par certains moments (La scène du meurtre du frangin de Laura est excellente). Les blagues potaches, sont légions et ne paraissent que très rarement lourdingues. Mais il y a, bien sûr, une pléthore de points négatifs à soutirer de cette adaptation.
A de nombreuses reprises, le film parvient à surprendre et à étonner, mais « Nicky Larson et le parfum de Cupidon » c’est un peu les montagnes russes… Certaines scènes ou faits du film sont vraiment réussies (la scène de gunfight à la première personne est LA meilleure scène du film, les méchants sont très inspirés d’Hardcore Henry et donc, ça fonctionne, l’action est assez bien stylisée…). Mais si certaines choses sont réussies, on peut aussi très rapidement redescendre de son petit nuage. Les ajouts humoristiques véhiculés par les personnages de Poncho (Tarek Boudali) et Gilbert (Julien Arruti) sont une catastrophe…
De certaines fulgurances, on retombe dix pieds sous terre dans un humour très bas de gamme qui ne colle pas du tout avec l’ambiance et l’univers. Je n’ai jamais entendu un rire (et pourtant il y en a eu beaucoup) qui fut associé à l’un de ces deux personnages, foncièrement dispensables dans l’intrigue. De plus, certaines scènes respirent tellement le pompage de Babysitting (La course poursuite avec le lit). Entre quelques stases réussies, on replonge dans un ratage collatéral (De l’excellente scène de gunfight, on arrive à tout un pan scénaristique autour de Pamela Anderson assez inutile et mauvais, avant un final sympathique etc…)
La photographie reste aussi, globalement décevante. Si la scène de meurtre dans la nuit reste plutôt réussie, le reste n’est qu’un étalonnage de couleurs aseptisé et une multitude de plans beaucoup trop éclairés. Tout fait trop lumineux, trop cartoon, trop impersonnel. Lacheau n’impose pas une patte définie par ses jeux d’images ou ses choix de colorimétrie. Nicky Larson et le parfum de Cupidon est un film qui n’a pas foncièrement de personnalité.
La pierre n’est pas non plus totalement à jeter sur Lacheau et son équipe. Si réellement les ajouts annexes de personnages étaient VRAIMENT à ne pas faire tant l’histoire devient nullissime quand ils sont présents, Lacheau offre quelques fulgurances, peut-être un peu trop rares. Certains faits ou objets sont aussi tellement appuyés par la réalisation que même sans connaître Nicky Larson, on devine qu’il s’agit de clins d’œil pour les fans.
Ainsi, il est temps de conclure sur ce film. « Nicky Larson » 2019 n’est pas foncièrement mauvais. Il n’est pas non plus très bon. Beaucoup de défauts morcellent le long-métrage où Philippe Lacheau ne propose que de trop rares fulgurances pourtant bienvenues (je me répète mais ce gunfight fut vraiment… topissime). Peut être le réalisateur des pourtant excellents Babysitting 1 et 2 et du surcoté Alibi.com a-t-il vu trop grand, beaucoup trop grand…