Véritable ovni hispano-canadien distribué en France en E-cinéma, Colossal est le quatrième film de Nacho Vigalondo. Sans être une franche réussite, son originalité vaut largement le détour.
Gloria, interprétée par Anne Hathaway,est une jeune new-yorkaise sans histoire. Mais lorsqu’elle perd son travail et que son fiancé Tim, joué par Dan Stevens, la vire de son appartement, elle est forcée de retourner dans sa ville natale où elle retrouve Oscar, un ami d’enfance incarné par un Jason Sudeikis tout en désinvolture et colère contenue. Au même moment, à Séoul, une créature gigantesque détruit la ville, Gloria découvre que ses actes sont étrangement connectés à cette créature. Tout devient hors de contrôle, et Gloria va devoir comprendre comment sa petite existence peut avoir un effet si colossal à l’autre bout du monde…
L’ARBRE QUI CACHE LA FORÊT
Les personnages, pathétiques et gentiment idiots, sont les piliers de ce drame humain sur fond de film de monstres. Entre l’alcoolique en sevrage cherchant la rédemption et un sens à sa vie, et le jaloux à la soif de grandeur inassouvie ruminant de vieilles rancoeurs, il fallait un élément extérieur de taille pour éveiller de l’empathie pour cette histoire assez mélodramatique et ronflante de prime abord. Cet élément apparait sous la forme de monstres gigantesques liés aux protagonistes principaux et reproduisant leurs faits et gestes à un endroit et un moment précis de la journée.
MONSTRE, MAIS PAS TROP
Hormis le fait que les monstres soient une incidence du récit, les effets soignés donnent un véritable intérêt à un scénario assez quelconque et prévisible. L’interprétation est impeccable, bien que plombée par une narration assez molle et une réalisation standard. À mi-chemin entre le drame social et le blockbuster SF, le rythme est constamment cassé et use des techniques narratives propres à ces types de films sans en abuser. Le résultat est un récit direct, malgré quelques longueurs, loin du sensationnalisme hollywoodien. La fonction dramatique et métaphorique du monstre est habilement utilisée et sert intelligemment le propos sans l’alourdir.
Un drame humain assez banal porté par la logique de l’effet papillon, qui met en image les conséquences désastreuses et inattendues que peuvent avoir des petits événements à l’autre bout de la planète. Intéressant et original, Colossal porte les atouts d’un grand film sans pour autant aller au bout de son concept. Des personnages moins caricaturaux auraient été préférables, mais l’interprétation juste donne la cohérence et l’efficacité nécessaires pour pallier aux faiblesses du récit.