Dans ce chapitre, Toretto et sa fine équipe donnent toute sa dimension au mot entertainment.
Alors que les prochains épisodes sont déjà confirmés pour 2019 et 2021. Ce Fast 8 écrase tout sur son passage dès sa première semaine d’exploitation. Tous les éléments d’une mécanique (trop) bien huilée sont réunis pour garantir ce succès. À défaut d’être original, le film joue sans retenue la carte de l’exagération à la limite de la sortie de route.
La clé de la pérennisation d’une telle licence est l’honnêteté de son traitement et le respect des attentes du spectateur. Pop-corn movie gras et pétaradant, cet opus donne ce que l’on attend de lui. Même si les courses de rue ne sont plus au centre des intrigues depuis un bon moment, il subsiste néanmoins un petit rappel à ce qui fait le charme originel de la saga et replonge immédiatement le spectateur dans l’univers très cadré de Dom et sa famille. Action intense et démesurée au service d’un scénario correct, mais sans surprise laissant la part belle aux personnages et aux situations plus exubérantes les unes que les autres. Le tout saupoudré de références cinématographiques populaires. Tout est ici mis en œuvre pour maintenir le spectateur en haleine sans lui laisser le temps de prendre en compte le surréalisme de certaines séquences. De l’action non-stop pour un effort cérébral minimum, fidèle à l’esprit défouloir de la franchise.
Jouant à fond la carte de la surenchère, le film pousse le surréalisme des séquences d’action jusqu’à l’absurde. Loin d’être négatif, ce constat appuie le fait que Fast 8 est sans nul doute le plus honnête de toute la saga. En prenant le parti d’aller au bout du concept, Diesel parvient à donner un show sans longueurs ni faux semblants. Bien qu’au-delà de l’apparente prise de risque financière ce Fast ne sort à aucun moment de sa zone de confort. Car sous ce déluge d’effets spéciaux et de cascades en série, il subsiste néanmoins quelques lacunes. Les joutes verbales de The Rock et Statham ont beau atteindre les sommets du trash talking, l’absence de revanche physique laisse une petite pointe de déception, surtout après la séquence de l’évasion, durant laquelle Hobbs(The Rock) ressemble plus à un rhinocéros qu’un homme, aussi baraqué soit-il. Un petit mano-a-mano avec Shaw (Statham) aurait terminé la séquence en apothéose, quitte à la laisser sans vainqueur.
Bien que l’action décérébrante reste ce que l’on attend de ce genre de spectacle, l’absurdité de certains passages confine parfois au grotesque. La réalisation sans temps morts de F. GARY GRAY, bien que très formelle, sauve de justesse le film en lui évitant la case « nanar hors de prix ».Le manque de surprises et de prises de risques n’est cependant pas à attribuer uniquement au film en lui-même. Le matraquage promotionnel retire une grosse part d’intérêt, déjà mince, pour le scénario et les conséquences de l’histoire sur les différents intervenants. Ici encore, et malgré son évidente efficacité au vu des recettes records de la première semaine d’exploitation, la promotion balise le terrain au point que tout nous parait familier. Un peu de retenue publicitaire aurait permis de maintenir un semblant de mystère sous la pédale. Le twist final, ultra téléphoné, offre une maigre consolation.
Blockbuster sous adrénaline et protoxyde d’azote qui camoufle ses quelques légers défauts par son humour et son invraisemblance assumés. La présence de Charlize Theron ne change en rien la qualité globale du film, malgré la valeur ajoutée de sa prestation. L’annonce de suites et d’un probable spin off autour de Hobbs et Shaw plombe le ressenti final de cet opus qui avait tout du baroud d’honneur, en apportant une fin correcte à l’ensemble de la saga. L’appât du gain l’emporte une fois de plus, poussant au risque de finir la série sur un échec aussi retentissant que son succès.