S’enfonçant dans un bourbier de paradoxes en choisissant toujours soit blanc soit noir, mais jamais en tempérant ses partis-pris, « The Cure for Life » étonne, mais laisse circonspect. Le visuel est épatant et l’atmosphère terriblement anxiogène et morbide, mais le film souffre d’un scénario tiré par les cheveux, qui propose une fulgurance à certains moments, mais pèche la plupart du temps par un manque de constance et de crédibilité dramatique.
Drastiquement, « The Cure for Life » s’inscrit hors du carcan hollywoodien classique. Flirtant avec le pitch d’un Shutter Island, le thriller mené par Verbinski nous offre une prouesse visuelle qui tire son épingle du jeu en ce début d’année, mais pêche par un calamiteux scénario. Visuellement, comme nous nous évertuons de le souligner, le film propose une photographie jonglant entre le grisâtre et les teintes sombres.
Elle est signée Bojan Bazelli qui a d’ailleurs réussi à insérer la même noirceur dans un film à l’ambition artistique contraire à The Cure of Life de manière efficace avec Peter et Eliott le dragon. Grâce aux jeux de l’image, Verbinski propose un véritable climat oppressant qui s’impose comme un personnage du film à part entière. L’intérieur du château de la cure est le poumon du film. Verbinski joue aussi avec des images dérangeantes et des scènes tout bonnement assez iconiques (le sauna labyrinthe ou les personnes emprisonnées dans des tubes). Ce croissant asphyxie que nous fait subir l’estampe de The Cure of Life fait environ du long-métrage, une réussite à 60%.
Le scénario sonne, en revanche, bien creux. On ne nous propose rien d’exceptionnel à nous mettre sous la dent et on nous sert un mystère bien trop vite désamorcé dans la narration. On comprend trop rapidement les tenants et aboutissants de cette maladie indiscernable qui ronge les curistes ce qui laisse place à l’enveloppe mystérieuse qui se tasse autour de l’antagoniste principal, mais là le scénario par en vrille complet, transformant l’univers de la cure en un bal nazi (oui oui, nazi) de zombies lobotomisés, enchaînant des frasques de non-sens ou de clefs de lectures métaphysiques qui, même plus cohérentes qu’un Winding Refn, peuvent nous arracher les cheveux.
Le long-métrage souffre d’une rythmique qui fonctionne par ambivalences. Un événement important succède toujours une vingtaine de minutes d’avancée narrative. Enfin, seules les interprétations de Mia Goth et Dane Dehaan permettent d’insuffler une dynamique au film et un attachement épisodique aux personnages.
Décomplexé, mystérieux, osé et souvent ambigu, The Cure for Life peut étonner autant que décevoir. Le long-métrage est un fouillis d’idées de réalisation visionnaire et de manières de panser le corps humain, mais les thématiques particulières du pitch sont trop effleurés par le scénario manichéen de Justin Haythes, dommage. Nous vous conseillons ce thriller horrifique si vous êtes intrigué par l’idée de découvrir un cinéma brut et averti qui joue avec vous sur son visuel.