
Attendu comme l’un des projets français les plus ambitieux de l’année, L’Homme qui rétrécit de Jan Kounen, porté par Jean Dujardin, devait marquer le retour du cinéma de science-fiction spectaculaire made in France. Mais après plusieurs semaines d’exploitation, le verdict économique est sans appel : le film est un échec commercial majeur au box-office.
Avec un budget estimé à un peu plus de 21 millions d’euros, L’Homme qui rétrécit se situait dans le très haut de gamme du cinéma français contemporain. À titre de comparaison, le budget moyen d’un film français tourne autour de 5 millions d’euros. Le long-métrage de Jan Kounen représentait donc plus de quatre fois cet investissement standard, misant sur :
une star bankable (Jean Dujardin),
un concept de science-fiction,
un important dispositif d’effets visuels,
et une large sortie nationale.
Tous les voyants semblaient au vert pour viser, au minimum, le million d’entrées.

Dès son premier jour d’exploitation, le film donne des signaux faibles :
20 794 entrées, avant-premières comprises, avec une moyenne d’environ 45 spectateurs par salle.
Pour une production de ce calibre, ces chiffres sont immédiatement jugés décevants par les observateurs du box-office.
Une semaine plus tard, la situation devient critique :
environ 151 000 entrées sur plus de 450 copies, un score qui place le film hors du top 10 hebdomadaire, malgré une exposition massive en salles. La presse spécialisée parle alors déjà de “catastrophe”.
Après plusieurs semaines d’exploitation, le cumul français plafonne autour de
264 000 entrées.
Avec un prix moyen du billet estimé à 7,4 €, cela représente environ 2 millions d’euros de recettes brutes en France. Or, dans le système de répartition des revenus, seuls 40 à 50 % de cette somme reviennent réellement au distributeur et aux producteurs, soit moins d’1 million d’euros récupérés sur le territoire français.
À ce niveau de budget, un film doit généralement viser au minimum deux fois son coût de production en recettes mondiales pour commencer à s’approcher de l’équilibre financier.
Concrètement, cela signifie que L’Homme qui rétrécit aurait dû atteindre environ 40 à 45 millions d’euros de box-office, soit près de 6 millions d’entrées.
Nous en sommes à moins de 300 000.
Même en tenant compte d’une exploitation internationale modeste et de futures ventes en VOD, télévision et plateformes, l’écart reste abyssal.

La comparaison avec les précédents films du réalisateur est sans appel :
99 Francs (2007) : plus de 1,2 million d’entrées
Dobermann (1997) : environ 790 000 entrées
Blueberry (2004) : environ 760 000 entrées
Mon cousin (2020) : 356 000 entrées
Avec environ 264 000 spectateurs, L’Homme qui rétrécit devient le plus faible score en salles de sa carrière, alors même qu’il s’agit de son film le plus coûteux. Un contraste d’autant plus brutal.
Reste désormais l’espoir d’un rattrapage partiel en dehors des cinémas : ventes internationales, exploitation en VOD, diffusions télévisées et plateformes de streaming. Ces leviers permettront sans doute d’amortir une partie des pertes, mais ils ne suffiront pas à transformer l’échec en succès.
Dans l’écosystème actuel du cinéma, la salle reste l’indicateur clé de la santé économique et symbolique d’un film. Et sur ce terrain, L’Homme qui rétrécit n’a clairement pas trouvé son public. Malgré ses ambitions, son budget élevé et la présence de Jean Dujardin, L’Homme qui rétrécit s’impose comme l’un des plus gros échecs commerciaux français de l’année en salles.
Un revers d’autant plus marquant qu’il touche un projet de science-fiction rare dans le paysage hexagonal, genre déjà fragile économiquement. Un rappel brutal, une fois de plus, que l’ampleur du budget ne garantit jamais l’adhésion du public… Et au vu de la qualité du film et sa très belle singularité, c’est sacrément dommage.






