CoExister – LA CRITIQUE

Julien PerrotCritiques7 years ago17 vues

Sous la pression de sa patronne, un producteur de musique à la dérive décide de monter un groupe constitué d’un rabbin, d’un curé et d’un imam afin de leur faire chanter le vivre-ensemble. Mais, les religieux qu’il recrute sont loin d’être des saints.

En 2010, Fabrice Eboué réalise en duo avec Thomas N’GijolCase départ – puis quelques années plus tard – Le crocodile du Botswanga – en trio avec Lionel Stekette et toujours Thomas N’Gijol. Coexister tout comme les deux précédentes réalisations, choisit l’angle de l’humour bien corrosif pour nous parler d’un voyage permettant à ceux qui le pratiquent d’apprendre à mieux se connaître et à progresser (ici, la tournée qui, en réunissant des personnes diamétralement opposées, modifiera définitivement l’axe de leur existence.).

Mais cette fois, c’est seul que, coiffé de la triple casquette de scénariste, réalisateur et acteur, l’humoriste se lance dans cette nouvelle aventure qui, inspirée par l’histoire des Prêtres (ce groupe de trois prêtres-chanteurs créé à l’initiative de Monseigneur Di Falco qui révolutionna le monde du show biz de 2010 à 2014), peut, de prime abord, susciter méfiance et doute.

Entre bonne humeur et rire, on se laisse facilement emporter par ces cinq personnages hauts en couleurs. Ce groupe musical déganté composé de Guillaume de Tonquédec dont la soutane de curé lui accorde une allure de brebis innocente et à qui l’on « donnerait le Bon Dieu sans confession » ; Ramzy Bedia hilarant en ex-chanteur de raï raté transformé pour la circonstance en imam improvisé, épicurien et antisémite, irrésistiblement attiré par le saucisson, l’alcool et les filles faciles ; tout l’opposé de Jonathan Cohen, rabbin autrefois idole des bar-mitsva, devenu maître dans l’exercice de la déprime suite à une circoncision loupée, vivant entre exaltation incontrôlable et abattement sans fond ; il est managé par un producteur désabusé (Fabrice Eboué) et son assistante plus désespérée de solitude que réellement nymphomane (Audrey Lamy). Le tout surfe avec allégresse sur les oppositions entre les trois religions les plus représentées en France. Adoptant un ton satirique bien plus que moralisateur, le texte envoie sans répit réparties osées et blagues impertinentes, insufflant une énergie réjouissante à cette farce pleine de gaîté.

Cette comédie irrévérencieuse aux gags quelquefois trash gênera sans doute les plus vertueux d’entre nous mais émoustillera assurément ceux qui, face à une perpétuelle perte de repères humains, ont choisi de rire plutôt que pleurer. Caustique mais jamais méchante, cette parodie prend bien soin de ne blesser, ni stigmatiser personne.

Derrière son allure légère, elle ne manque pas de distiller son appel « au vivre-ensemble » grâce à quelques répliques intelligentes et bien amenées. Ce film grinçant et décapant n’a certes aucunement l’intention de porter un quelconque message. On en retiendra cependant que l’union fait la force et que le rire reste le meilleur rempart contre l’intolérance et les préjugés.

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